# écopoétique #08 | Traversée de la Vie

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.

8 commentaires à propos de “# écopoétique #08 | Traversée de la Vie”

  1. Merci Elise, Brigitte et Anne, mon rêve de ce matin a encore confirmé ce texte intempestif à recoudre. Pique-nique sur une tombe avec des lumignons…, même pas besoin d’I.A. l’eau souterraine fait remonter les images, je nage dedans, passivement, désossant le sens immédiat, acceptant d’être déplacée là où l’eau folle de futur s’immisce. N’y croyant pas tout autant. Se réveiller est une manière d’accoster encore un jour de plus. L’eau qu’on voit a des racines. La fragilité des berges ne fait qu’imiter leur démesure. L’eau des mots est imprévisible même lorsqu’elle fuit dans de vieilles canalisations.

  2. l’objet flottant ne rejoint jamais l’amont
    et je retiens très beau… « A l’état sauvage, elle gifle bien plus qu’elle ne caresse »
    mais tu restes sur ta posture humaine… rassurante…
    merci pour tes rêves qui m’ont entraînée loin et je ne sais comment j’en sors rescapée

  3. Vraiment une intéressante perspective « Avec la fiction, on ne sait plus dans quelles eaux l’ on trempe », tout est là si la fiction est en jeu (ce que j’ai escamoté, ne pas suivre tout à fait la consigne est parfois un choix mais se laisser couler sur le flux). Du grain à moudre, donc.

  4. Françoise, Nathalie, Perle, j’ai du mal à suivre le flux des réactions à un texte lui-même liquide et libre d’acrobaties comme un poisson sauvage. L’eau contient tout. Comme l’écriture débonde ses images flottantes. Je suis loin de la fiction mais jamais des rêves qui dictent le sens de mes chutes verbales.

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