L’amour
1/ Si j’étais cinéaste, je filmerai l’amour. Je me promènerai dans les rues des villes caméra à l’épaule, je filmerai des couples, des mains, des regards, des têtes appuyées sur des épaules, des danseurs de bal, de discothèque. Je filmerai, les caresses faites aux animaux, les mots qui leur sont donnés. Je filmerai l’amour des mères, des pères, des frères, des sœurs, des amis, des grands-parents, des enfants. J’installerai une caméra à infrarouge dans un cinéma pour saisir la main qui se pose sur une autre main, le premier baisé échangé.
J’irai filmer dans les maternités, le premier regard des mères brisées par l’accouchement, le sourire qu’elles ont quand on pose leur enfant sur leur ventre. J’irai dans les mairies saisir le sourire des mariés, après l’échange des alliances. J’irai sur les quais de gare, dans les aéroports, filmer le regard de ceux qui retrouvent à l’arrivée ceux qu’ils aiment. J’installerai une caméra à la sortie des écoles, quand toutes les fins d’après-midi, les mêmes visages sourient aux mêmes visages.
2/ Je ne suis pas cinéaste, et je ne sais pas vraiment ce que veut dire le mot amour. Je crois que les gens qui se savent filmés jouent souvent, ou s’empêchent de montrer leur sentiment. Alors je crois qu’il faudrait confier une caméra à chaque individu, ou demander à chaque personne possédant un téléphone, qu’il filme sans interruption leur vie pendant plusieurs jours, et que ce film soit diffusé en continu sur chaque média possible, alors peut-être qu’après des mois de visionnage, tous les êtres humains, donneraient le même sens au mot: amour. Il y aurait peut-être des séquences vides (des vies sans amour), d’autres étranges et dérangeantes, la définition que l’on aurait après visionnage ne serait pas précise, mais elle serait plus juste, plus vraie. Ce serait un film sans musique, juste les bruits des gens filmés.
3/ Le film qui parle d’amour ne devrait pas dépasser une heure, et il faudrait en faire une version d’une ou deux minutes pour les nouveaux médias. Ces deux versions seraient le fruit d’un choix des séquences et d’un montage collectif, un collectif qui impliquerait des milliers de gens, d’endroit et de classe sociale différents. Dans la version longue, il pourrait y avoir des scènes au ralenti, le mouvement d’une main, un sourire se formant sur un visage, deux bouches qui s’approchent, un regard qui brille. Ce film pourrait être diffusé à la même heure de la journée pendant une journée tous les mois de toutes les années, son début suivrait les fuseaux horaires. La version courte pourrait être diffusée avant tous les journaux télévisés, comme un rappelle, un autre monde est possible, dans la version courte, il pourrait y avoir des scènes accélérées, des vies qui seraient vue en avance rapide, l’amour qui parcoure une vie, ce peu de temps.
4/ Je ne sais pas si un film qui montrerait l’amour, aurait un sens, les gens veulent ressentir de l’amour, en recevoir et en donner, est-ce quand voyant de l’amour donné ou reçu, ils auraient envient d’en donner aux autres, est-ce que l’amour est un don ou un échange ?
Inspirant et inspiré. Merci Laurent.
merci
Audacieux. L’idée, le thème, le film. Merci, Laurent.
merci
Beau programme
merci
Tellement limpide. J’aime la lumière des réflexions (on peut dire ça ?). Original et simple. Oui, lumineux, c’est bien ça…
merci