D’abord, il y a l’odeur de cire : l’encaustique. Celle que la concierge applique régulièrement sur les marches, faire briller, apposer l’avertissement dans l’entrée : ‘attention, escalier glissant’. La même odeur qui sourd sous les portes des appartements, irrégulièrement. La dame du deuxième s’y emploie souvent, ceux du quatrième moins fréquemment, …. dans l’appartement, elle surgit aussi après le passage de la paille de fer sur le parquet, il faut cirer pour redonner brillance, faire durer, soigner le bois. Lorsqu’elle est fraîche dans l’escalier, elle recouvre les autres odeurs, plus habituelles : cuisine en sauce au premier à gauche, parfum capiteux de l’habitante du deuxième droite, fromage contenu par le panier de la locataire du 5è et qu’on suit à la trace ce jour là. Feu de charbon au sixième, poêle mal étanché. Colle et soudure chez le bricoleur du troisième. Pain frais et croissants remontés à la hâte pour le petit déjeuner du dimanche. Odeur du tabac blond fumé par le bellâtre du quatrième, sur lui quand il monte devant, sous sa porte quand il est chez lui. Et le tabac brun du père, qu’il transporte sur ses vêtements, qu’il ne parvient pas à déposer à la porte. Au rez de chaussée, ce sont les vapeurs de la rue qui s’insinuent à chaque ouverture du portail : l’essence des voitures qui roulent, manœuvrent, les pneus chauffés par l’été, les relents après le passage des éboueurs ou bien du livreur de charbon avec son cheval de traie. Et puis l’odeur de cire, inoubliable.