Sabine Belhacene, vit depuis plus de quinze ans dans le quartier, au 45 de la rue déserte. Une des plus anciennes occupantes, avec les voisins du troisième, un couple de septuagénaires bruyants au passé tumultueux. Se tend régulièrement les cheveux de couleur différente, si bien que la voisine du 4e a toujours l’impression de croiser quelqu’un d’autre.
La famille Goswami, une famille originaire du Nord de l’inde, le père, la mère et les deux enfants, un garçon et une fille. Arrivés en France à la naissance de la petite dernière, installée dans le quartier depuis six ans et gérant du restaurant Maharajah. Peu de monde sur place mais de nombreux livreurs à vélo qui se pressent pour venir chercher les commandes à acheminer.
Ihlan Alaoui, vient d’ouvrir un nouveau Kebab dans le quartier, offre promotionnelle à cinq euros, accueille les adolescents affamés et désargentés à ses tables blanches et chaises colorées, va à la rencontre du client sur le seuil de la porte, distribue des flyers aux touristes et aux passants pressés qui traverse devant lui, leur valises à roulettes derrière eux, tout juste sortis du Tgv.
Hans Arp, peintre et poète alsacien, né allemand en Alsace occupée, mort Français, et qui a donné son nom à la place et au musée d’art moderne du même nom, lieu de rendez-vous des skateurs du quartier et des promeneurs du dimanche.
Samira Traore, vit dans le premier tiers de la rue de la course, tient le salon de coiffure Patricia Prestige beauté, aura trente ans cette année et toujours pas d’homme dans son lit. Tente de repousser les assauts réguliers de la famille et d’éviter les bons conseils de ses tantes.
Pierre Westenhoffer, habite juste au dessus du bar qui croise les rues de la course et de la petite course, éducateur spécialisé, se déplace uniquement à vélo et membre actif d’Extinction Rebellion.
La famille Marin, les pères Théo et Frédéric, les enfants, Capucine, Zoé et Lucas. Occupent un appartement au dernier étage d’un immeuble récent, doté d’une grande terrasse d’où on peut les voir ou les entendre certains soirs et weekends. Capucine fait des extras au bar du quartier lors des soirées étudiantes privatisées.
Sylvie Ménardais, travailleuse sociale, habite dans le quartier depuis quarante ans, attend la retraite pour partir vivre dans le Sud et oublier l’homme qui l’a un jour agressée à la sortie du boulot.
Camille Barreau, céramiste, peine à vivre de la vente de ses œuvres, et n’a pas payé son loyer depuis trois mois.
Charly Grosskot, maillot jaune des deux premiers jours du Tour de France 1968, et propriétaire d’un magasin de cycles dans le quartier dont tout le monde se souvient, jusqu’à sa mort accidentelle, en vélo.
Jess Muller, gérante du bar de quartier, vit à la campagne quand elle ne travaille pas, et se plonge dans la foule des habitués dès son arrivée, comme si elle recommençait à respirer. Aime passionnément la bière et envisage de brasser elle-même une nouvelle bière.
Alphonse Boniface, chef d’entreprise installé dans le quartier depuis plusieurs générations, à la tête d’un réseau de magasins alimentaires qui fleurissent dans chaque ville de France, mais toujours soucieux de faire acheminer les meilleurs produits du cru.
Hiro Huang, spécialisé depuis vingt ans dans la revente de produits pour cheveux africains. Vit au-dessus du magasin avec ses cinq chats et son fils Li.
Abdelkader Ali, grutier embauché sur le chantier de l’ancienne caisse d’épargne. Récemment expulsé de son logement suite à un divorce, passe ses nuits dans une des baraques de chantier en espérant que les retards de travaux déjà prévus ne fassent que s’allonger et lui donne le temps de retomber sur ses pieds.
La famille Kone, le père Jean-Patrick, la mère Marie-Ange, les enfants Kwame, Amadou et Fatoumata, occupent un appartement en rez-de-chaussée, trop petit. Les enfants partagent une même chambre de 12 mètres carrés et les parents dorment dans le canapé lit du salon. Marie-Ange a relancé plusieurs fois l’office HLM qui doit statuer sur leur demande d’un appartement plus grand. Jean-Patrick n’arrive pas à dormir la nuit depuis leur arrivée en France.
La famille Allouache, le père Meziane, la mère Samira et leurs deux filles, Safia et Hannah. Depuis huit ans dans le quartier, même si les enfants n’y sont pas scolarisés mais sont inscrits à l’école en centre-ville, dans le privé.
Josette Masson et son mari Patou, voisins de palier de Sabine Belhacene, vivent avec leurs trois chats. Patou après plusieurs hospitalisations pour des bouffées délirantes est désormais docile et Josette en profite pour lui faire payer toutes ses excentricités des trente dernières années. Josette passe beaucoup de temps à sa fenêtre à soigner ses jardinières et à surveiller les allers et venues de son immeuble.