Le bruit d’une petite voiture, les petites roues sur le carrelage, le choc à l’arrivée contre la plinthe.
Le bruit d’une mouche qui vient taper contre une vitre, l’envie de se lever.
Le bruit du brûleur de la chaudière qui s’allume, quand tu as froid.
Le bruit métallique du pot à lait en acier galvanisé qui tape le carrelage
Le bruit de succion, d’un poisson en train de crever.
Le bruit de deux corps l’un contre l’autre, cette percussion molle.
Le ronflement rassurant d’un enfant.
Le bruit du silence, quand tu rentres dans un appartement vide.
Le bruit d’un moteur de camion, celui qui livre le fioul, et son odeur.
Le bruit des ailes d’un oiseau prisonnier d’une volière, ce froissement.
Le bruit de la pluie sur un étang, l’eau contre l’eau, leurs cercles.
Le bruit des manèges, musiques, rires et cris.
Le bruit des griffes d’un chien sur le parquet, comme un monstre approchant.
Le bruit de mon fauteuil, quand je me penche en arrière, un grincement familier.
Le bruit des gens aimés, de l’autre côté du mur, encore.
Le bruit mat et sourd du pas d’un vieillard en pantoufle sur le carrelage, cette lenteur qui s’efface.
Le bruit d’un stylo sur un cahier, cette laborieuse gravure d’encre.
Le bruit de la sonnerie à la fin d’un cours, enfin bougé.
Le silence d’une voiture a l’arrêt, cette attente du corps plié.
Le hurlement lointain de l’homme, quand le camion a roulé sur son pied.
Le bruit des détonations dans la rue, les deux gars qui courent.
Le son d’un copain qui te siffle dans la rue, cette fierté.
Le silence d’un lieu vide, qu’on a connu, animé, il s’agrandit, l’effet désert.
Le bruit des draps, leurs doux frottements.
Le bruit des dents d’un lapin sur le bois de son clapier.
Le bruit d’une mobylette au loin, tôt le matin, toujours à la même heure, le labeur.
Le bruit des portières de voiture claquées, toujours laid.
Le bruit d’un moteur de moto quand tu accélères à l’arrêt, Go.
Le bruit des roues d’un vélo dans une descente, cette jolie musique.
Le bruit du clavier, quand j’écris, concerto pour tapuscrit étrange.
Super ce que tu as écrit là. J’entends tout. Et il y en a tellement ! Super
Merci beaucoup
C’est comme une biographie qui serait biograbruits — succession de scènes qui résume l’existence et provoque, chez moi du moins, l’amorce d’une mélancolie. Très beau. Toujours juste. Félicitations !
Merci
et non seulement on entend mais le corps réagit puisque presque chacun de ces bruits remue une émotion parente de celle de l’auteur
Ton texte agit chez moi comme une course à l’imaginaire. Ça va vite, c’est essouflant, et c’est plein d’émotions vives. L’enchaînement est source d’ivresse. J’aime beaucoup.
Je prends un verre imaginaire et je te dis : santé! et Merci Jean-Luc.