La voix ? Non, c’est la phrase qui ramène la voix. La phrase, on la connaît. On l’a entendue souvent. Rapportée. Prononcée par la mère qui raconte. Essayer de l’entendre avec la voix de celle qui la prononçait pour de bon, à cette occasion, qui s’était répétée souvent, il paraît. La voix de celle qui l’aurait prononcée. Toujours la même phrase même nombre de mots et mêmes mots exactement comme donner poids à la vérité. On voudrait plutôt que la voix de la mère imitant sa propre mère entendre la vraie voix. La phrase depuis sa voix à elle, depuis ses lèvres fines, quand à la place c’est le bruit de ses talons dans ce même escalier où la phrase était prononcée. Ses talons particuliers avec juste une bride fine à l’arrière pour maintenir la chaussure en place, modèle qu’elle portait été comme hiver, le bruit que ça faisait dans l’escalier. Le bruit des talons au sol, étouffé dans l’épaisseur du tapis, clac, clac, clac. Y courant toujours et plus encore lorsqu’elle prononçait cette phrase, à sa suite à lui, pour éviter l’inévitable, précipitant son corps dans son dos rugissant de colère. Est-ce qu’en prononçant cette phrase elle entend la voix de sa mère, une voix haut perchée comme en l’air les bras on les imagine. Pour empêcher un malheur. Protéger l’enfant rebelle qui s’oppose au père. « Non, Noël, tu vas la tuer ! » Calmer les poings tambourinant contre la porte de la chambre où elle est montée s’enfermer.
« la voix de la mère imitant sa propre mère entendre la vraie voix » … les voix contrefont …
et le bruit des talons : la voix avec les bruits autour, la voix avec tout le corps et l’histoire de ce corps dans l’histoire qui le déborde
comme ça avance quand tu écris, gonfle précipite … l’entendre avec l’urgence…
La force que donne ton commentaire, Nathalie. Merci fort.
oh oui alors… on te retrouve tellement dans cette forme-là, partir sur une question, sur un point d’interrogation, et puis voilà plusieurs épaisseurs de narration qui s’entrechoquent comme rythmées par les talons sur le tapis…
superbe
Merci, chère Françoise, pour tes commentaires si élaborés. Toujours si précieux pour l’envie d’avancer et le reste.
les poings tambourinant sur la porte semblent donner plus de poids à la vérité que la voix qui cherche à les calmer. Le bruit des talons aussi.
Merci, Bernard, pour ton écho et ton ressenti de ce qui donne poids à la vérité.
brrr… (ce drame – suspens qui croît – ça presse le cœur)
Merci, Piero, j’aime bien ta formulation « ça presse le coeur »
Forte densité émotionnelle dans votre texte.
Retrouver la voix par une sorte de cheminement, la phrase, le mot , le son, le bruit des talons
et on l’entend
l’horreur (et la forme oui)