Une longue hésitation, par le haut par le bas tu soupires, ne sait pas.
Tellement d’âpretés secouent ton monde. Tu ne veux plus mais tu ne sais pas. Le soleil chasse ses ritournelles qui tapissent ton sommeil en noir. Noir noir noir comme ce trou qui s’agrandit et te dit fuit fuit fuit. Tu ne le fais pas car tu ne sais pas. On ne t’a pas appris. Tu sais qu’il faudrait crier dire non dire stop dire ça suffit mais tu restes, il le faut. Te morfonds tant pis.
Une longue hésitation, les abris pour qui
Tu crois que l’humain fait ce qu’il peut quand il veut quand il voit qu’il s’érige en montagne, la cuirasse solide qui baume baume baume. Tu t’aperçois que le leurre est cruel qu’il fourrage loin dans les abîmes.
Une longue hésitation, l’étiquetage se délasse.
Je réfute l’assignation. Je dis non non non. Je ne veux comparaitre qu’accompagnée en solution. Peau dessus dessous sans.
Une exaltation de longue facture tapisse tes mains. Tu te dois la réjouissance. Pas à pas tu ne sombres pas.
Une longue hésitation avant le combat, refuser l’absolution lorsque les femmes griffées ne trouvent plus l’air. Je scie, je rafistole, je coupe et je te demande de coller. Colle. Colle tes mains, souffle sur l’entre deux. Entre les genres, tu zigzagues entre les dominations, entre les silences.
Une longue hésitation avant les larmes.
Venir d’ailleurs signifiera l’exploitation. Peut-être connais tu le bon filon, si non, démolition. Entre deux ; pays, minorité, fraternité. Acclimate-toi, adapte-toi, vitrifie-toi disent-ils. Ils ne savent pas la langue qui creuse en s’arrangeant de ce qui voudrait. Les morts laissés derrière, les terres, les nouvelles que tu n’attends plus. Les enfants parfois deviendront grands, sans toi et pourquoi ? Trainer ton corps là où on ne te veut pas. Quelques sous dans tes mains. Jette les. La vieillesse est déjà là.
Une longue hésitation pour détrôner la rivalité. Celle qui tapisse les murs de sang. Elles s’affrontent pendant que les grands dansent sur leurs ombres. Le champagne coule sur les toits et elles rient. Elles rient. Il suffirait de laisser tomber ce que l’on attend de toi pour attraper ce qui te retient vivante.
vivante
Une longue hésitation avant le défoulement.
Entre deux. Partir des tripes, convoquer les boyaux, ne pas se vider. Accepter cette longue coulée vers le n’importe quoi. L’absence de réponse. Le point d’interrogation comme outil majeur vers un semblant de destinée. Une même galère pour toutes. Pendant que tu tapes sur l’une, un homme tape sur l’autre, parfois la tue. L’enfance attend et assiste.
Une longue hésitation maintient la surface, entre le rien et le vide, entre l’eau et la stature. Je te regarde. Je nous regarde et je ne vois que cette vague chancelante qui ne bouscule pas assez pour t’engloutir. Elle te maintient, juste là. Trop peu pour avancer. Tu continues comme si. Le refoulement comme porte à franchir parce que.
parce que
Pour moi, très beau. Enigmatique mais très beau. L’auteur-trice ? suit sa propre ligne de crête et ne dévoile rien. Images plutôt sombres qui donnent à emplir les ellipses, le silence.
Merci Sylvie pour votre retour. Parfois doux de remplir les silences par le sombre. Autrice! 🙂