#été2023 #04bis | sept dimanches

Dimanche soir. Journée passée à la campagne, chez les grands parents. Endormie dans la voiture du retour. Poids de l’enfant de deux ans : 10 kilos. En dessous de la moyenne, légèrement rachitique. Six étages dans les bras de son père. Il adore la porter, toute molle, assoupie, chaude. La poser dans son lit après un déshabillage partiel : chaussures, chaussettes, les couches
supérieures et caresse bonne nuit sous les couvertures.

Dimanche soir. Journée passée à la campagne. Endormie malgré un léger mal de cœur. Le sommeil le lui a fait presque oublier. Trois ans, 12 kilos. Toujours rachitique mais ça va mieux. Remontée dans les bras de son père. Ça passe encore et les manipulations de l’enfant n’ont pas changé. Elle dort.


Dimanche soir. Journée à la campagne. Il est tard. Endormie sur le siège arrière. Cinq ans, elle pèse désormais plus de 15 kilos et les bras du père fléchissent. Elle se réveille un peu puis se niche à nouveau dans la douceur si rare. Profiter de l’instant.

Dimanche soir. Journée à la campagne. Elle s’est endormie dans la voiture du retour. Elle fait semblant de ne pas se réveiller. Il essaye encore une fois. À sept ans, elle a enfin un poids normal et rassurant. Il l’empoigne, un peu moins en douceur que jadis. Il parvient essoufflé en haut des six étages, la dépose sur son lit. Elle retient un rire.

Dimanche soir. Journée à la campagne. Elle s’est ennuyée. À douze ans, la compagnie des adultes lui pèse. Il y a bien un poste de télévision chez les grands parents, ce qui n’est pas le cas dans l’appartement sous les combles. Elle voudrait encore faire semblant d’être endormie pour être portée jusqu’à son lit. Il la regarde sévèrement. Pas question.

Dimanche soir. Journée à chez les grands parents. Elle a quinze ans, et l’alibi des devoirs à faire lui a tenu lieu d’excuse pour s’échapper de l’univers des joueurs de belote installés sous le grand lilas odorant. Elle ronchonne, affirme qu’on ne l’y prendra plus. Remonte les six étages en un silence bougon.

Dimanche soir. Elle a passé la journée avec ses amis à elle, loin de la rituelle réunion familiale poulet rôti-pommes dauphines. Elle a monté et descendu les six étages au moins quatre fois ce jour là, pour aller retrouver l’une en bas, rejoindre l’autre et les ramener ensuite dans l’appartement enfin à sa disposition.