Collection blanche
D’abord dire qu’en France, celles et ceux qui écrivent espèrent, surtout en cas de persévérance, publier un jour dans la collection blanche, faire partie des élu.e.s , des connu.e.s dans les cercles élégants et érudits, dans le voisinage des universitaires en vogue, passer à LGL, La Grande Librairie, dans le giron éphémère d’un compagnonnage intimidé, parmi quelques contemporain.e.s propulsé.e.e.s par leur Maison d’édition concurrente et soutenu.e.s par les Libraires et les Professeurs. On dira que c’est la version V.I.P.
Je regarde celui-ci, l’un des derniers arrivés sur ma table de chevet : Du même bois , de Marion Fayolle, chez nrf Gallimard, couverture jaune pâle , titre et filets rouges, nom d’auteure en caractères noirs et texte quatrième de couverture en caractères noirs saillants , ce pourraient être un autre titre, un autre auteur ou autrice, sur l’étagère, on ne verrait pas trop la différence de loin. Il s’agit ici du livre d’une ardéchoise qui écrit et dessine, mais dans ce volume là, seulement deux dessins au début et à la fin, on comprend tout de suite à qui l’on a à faire ! Juste une histoire, celle de la gamine qui a grandi dans une ferme, et qui a perdu son grand-père elle aussi, comme Ryoko Sekiguchi, une japonaise qui écrit et publie en français dans une autre collection blanche , celle des éditions P.O.L,couverture vraiment blanche, côtelée, titre et nom d’autrice bleu nuit, logo trois points du jeu de Go cher à Paul Otchakovsky -Laurens. Les deux univers n’ont rien à voir mais la sensibilité est semblable, utilisant tous les sens pour capter l’environnement proche humain et non humain. La matérialité du livre ne le sait pas. On ne peut pas demander à un livre en papier d’être aussi explicite envers ses lecteurs, ses lectrices , rien qu’en le regardant ou en le manipulant. Il faut ouvrir chaque livre au milieu, à n’importe quelle page, pour savoir où l’on est et d’où ça parle.
Biblothèque rose & verte
LITTERATURE JEUNESSE : Ce sont des livres qui attirent d’emblée par leurs couleurs et leurs images mais qui réunissent des histoires reliées entre elles par des personnages et des intrigues. Moins austères que les livres des grands, plus prêtables avec leur couverture renforcée et pelliculée. Ce sont les ancêtres des séries télévisées et des B.D., on attend la suite… Les auteur.e.s finissent par être validés par le nombre d’exemplaires vendus à une frange donnée de population pré-pubère principalement,et en cours d’apprentissage des « choses de la vie » sans trop de secousses émotionnelles. A partir de 7 ans , l’âge de raison, et de la maîtrise de l’alphabet appliqué, tout est fait pour entrer dans la langue verbale écrite. Les aventures restent dans la moyenne des côtes d’alerte pour la bienséance (la paix des foyers) et la conformité lexicale ou orthographique. Caractères plus gros et mise en page moins dense pour les primo-apprenants, Idéal pour former le lectorat au plaisir mêlé à l’endurance dans l’appropriation des textes. Les parents avisés et désireux de voir leur progéniture plonger dans le silence en même temps que dans la lecture ont investi dans ces livres cartonnés? ce malgré les problèmes de budget de fin de mois. « La Bibliothèque Rose rassemble toutes les histoires où l’humour et l’émotion priment, tandis que La Bibliothèque Verte regroupe les livres d’aventure et d’action. » Martha et ses frères ont « dévoré » les volumes qui étaient à leur disposition et se les disputaient, heureusement , la Comtesse de Ségur (1799-1874) était trop rose pour les garçons, et Jules Verne trop aventureux pour les filles, un petit monde bien genré, chaque sexe dans sa chambre ! Les malheurs de Sophie et surtout Après la pluie et le beau temps de la Comtesse de Ségur ont été lus des centaines de fois, en boucle….Qu’en reste-t-il ? Sans doute le souvenir de l’injustice familiale et une conscience de classe sociale bien établie.
A propos de la Bibliothèque Rose : https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/jeunesse/livres-la-bibliotheque-rose-une-collection-au-bon-parfum-de-l-enfance_6483203.html
Sur Wikipédia retrouver les titres de la Bibliothèque Verte : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_romans_de_la_Biblioth%C3%A8que_verte
Livres de lecture courante
Les premiers ! Je vais le dire encore. Ce sont les préférés. L’émotion qu’ils ont suscité à leur découverte, tous les premiers jours de la rentrée scolaire en primaire, leur matérialité justement, a beaucoup joué dans l’amour de la lecture. L’alphabet et la lecture silencieuse ou à haute voix « au doigt » pour suivre la ligne, devant les autres restent des miracles absolus. Savoir lire entre 3 et 5 ans par étapes non réversibles est la plus noble conquête de l’enfant. Le livre devient un talisman avant de devenir un grigri.