Une journée qui commence mal. Un vide au creux de l’estomac. Le sentiment que tout est inutile. Tout endolori, cotonneux, vain. Épuisement, découragement la tête dans les mains, l’envie de pleurer. Une angoisse. Le creux de l’hiver. Des soucis. Un mauvais rêve de dispute à propos d’une photo qu’elle n’a pas pu faire parce qu’on lui a caché son appareil, une photo sans intérêt d’un minuscule écureuil niché dans une fleur, après elle voyait ramper des serpents et elle boudait ce qui ne lui arrive jamais. Les serpents avaient des pattes, pas vraiment des serpents, mais ils rampaient et leur tête était celle de serpents. Pensée obsédante de ce gros chèque d’acompte qui n’est pas arrivé. Colère contre l’artisan, doute aussi de sa bonne foi. Malgré l’opposition faite, y pense encore et ne se décide pas à faire un virement à la place. Envie de ceci, de cela pour sortir de la torpeur abrutissante. Ne pas le faire, ne rien faire, pas l’énergie. Écrire pour dire comme un remède. Parfois ça marche. Ne pas pouvoir en parler. L’autre ne comprendrait pas. A des projets, lui, des envies, de l’énergie. Pas méchant, juste toujours ces minuscules remarques anodines, assassines qui dévalorisent quelque chose qui vous est cher. Essayer de ne pas donner prise, cacher, ne pas dire. Inquiétude. Inquiétude pour cette autre qui est loin et seule. Qui se bat toute seule contre ses limites. Dans le rêve, c’est avec cette autre qu’elle se fâche. Jambes coupées. Mains en prière comme un geste machinal. Une lecture angoissante. Des informations démoralisantes. En recherchant les causes, on comprend mieux parfois. Anamnèse. Ne marche pas. Le mal de vivre, ça ne prévient pas quand ça arrive. Ce n’est pas ça, trop fort. Tête dans les mains, mains en prière. Prière pour que ça passe. Douleur de l’âme. Peur, peur de ne pas en sortir. Comme un dégoût, presque l’envie de vomir. Quelque chose à faire sortir, à expulser de soi. Trop de ressentiment, trop d’arrogance. Plus aucune certitude, le doute et la honte. Un rayon de soleil. S’y accrocher. C’est ténu et déjà mieux comme un sourire du jour, fragile. Pourvu qu’aucun nuage ne passe. Attentive aux vibrations de la lumière comme si sa vie en dépendait. Que ne revienne pas la noirceur. Ça se dissipe un peu, mais c’est encore là, et si le soleil pâlit… Il pâlit, il n’y a plus d’ombre sur le mur, il revient. Se frotter le visage avec les mains, tirer ses cheveux en arrière, le visage dans les mains. C’est dans la tête, même si c’est dans le ventre qu’on le ressent. Démunie, fragile, voudrait ne pas passer la journée avec. Je voudrais qu’elle me lâche, cette chose qui n’est pas moi, qui me fait parler de moi comme d’une chose, comme d’un tas informe. Un tas de choses inutiles, accumulées, qui pèsent.
hello Danièle, j’espère juste que ce n’est qu’un moment écrit, que ça va ? n’est ce pas ?
Beaucoup mieux, merci !
prendre sa tête dans ses mains, un geste de grande solitude. Il est beau ton texte, je pense qu’on peut tous s’y retrouver
Merci Catherine. Un très mauvais matin.
La dernière partie du texte … « Tête dans les mains, mains en prière. Prière pour que ça passe. Douleur de l’âme. Peur, peur de ne pas en sortir. Comme un dégoût, presque l’envie de vomir. Quelque chose à faire sortir, à expulser de soi. Trop de ressentiment, trop d’arrogance. Plus aucune certitude, le doute et la honte. Un rayon de soleil. S’y accrocher. C’est ténu et déjà mieux comme un sourire du jour, fragile. Pourvu qu’aucun nuage ne passe. Attentive aux vibrations de la lumière comme si sa vie en dépendait. Que ne revienne pas la noirceur. Ça se dissipe un peu, mais c’est encore là, et si le soleil pâlit… Il pâlit, il n’y a plus d’ombre sur le mur, il revient. Se frotter le visage avec les mains, tirer ses cheveux en arrière, le visage dans les mains. C’est dans la tête, même si c’est dans le ventre qu’on le ressent. Démunie, fragile, voudrait ne pas passer la journée avec. Je voudrais qu’elle me lâche, cette chose qui n’est pas moi, qui me fait parler de moi comme d’une chose, comme d’un tas informe. Un tas de choses inutiles, accumulées, qui pèsent ».
Les gestes, le mouvement des mots. C’est là ( cette chose qui n’est pas moi) on la sent si fort. Là. Si juste. Merci Danièle.
Merci Nathalie. C’était un très mauvais jour. J’avais besoin d’écrire et je me suis servie de l’atelier comme d’un journal (que je ne tiens plus) pour lui confier ma détresse au fil des mots. Et puis tout s’est levé : une promenade, un coup de fil rassurant et ma vie a repris son cours paisible.
heureuse de le lire que le nuage s’est dissipé. Le texte demeure avec ses forces
bien vu bien dit. on s’y retrouve et justement pour ça on se dit qu’il suffirait de le pousser un petit peu dans un certain sens pour que ça devienne comique. c’est comme ça que je fais.
Merci Bizaz. Je n’avais pas trop envie de le rendre comique ce matin-là, le lendemain peut-être.