L’été, son grand plaisir. Être la première à l’ouverture de la piscine municipale. Déserte. Écouter le silence troublé par le seul chant des oiseaux. Faire siennes les montagnes qui encerclent le bassin. Être là juste pour le plaisir de la nage. Entrer dans le rituel. Aller à la rencontre de l’eau, de sa fraîcheur, du bout d’une main, d’un battement de pied. Frissonnant, hésitant, s’élançant, s’émerveillant du premier contact avec elle. Limpide, scintillante, moirée. Être en elle accueillie comme une amie. Attaquer l’eau en douceur. Ne pas la déranger. Glisser à lentes brassées, traverser le bassin. Ressentir l’eau, la glisse, se servir d’elle pour avancer. Écouter son clapotis. Tournant, virevoltant, plongeant, jaillissant de l’écume vers le ciel trop bleu, coulant vers le fond, tenant bon en apnée, se rêvant poisson, ondine, sirène, devenant papillon qui s’envole, riant dans les éclaboussures. Flotter, se tenir immobile, horizontale, perdre la verticalité, la pesanteur. Rêver, se sentir légère. Chasser toutes pensées de son esprit, ne plus penser qu’à faire une avec l’eau, avoir la sensation d’être coupée du monde, dans la douceur de l’eau qui glisse sur la peau, des bulles d’air qui roulent sur le visage. Ne rien entendre. Ne pas parler. Exister simplement. Se préparer à la quitter. Retourner vers le rivage, enfin le bord du bassin. S’ébrouer. Demain la même joie.
J’ai aimé ce rituel de la nage, cette eau accueillante comme une amie (et d’ailleurs c’est ce même geste que j’ai choisi, celui du corps nageant, pour ma propre contribution). Et oui, nager, c’est « exister simplement ».
J’ai aimé, j’y étais, je nageais. J’aurais pu choisir ce thème par goût et j’ai ressenti et applaudi jusqu’à l’ondine, jusqu’au papillon qui s’envole, j’ai dégusté…merci!