Il y a l’odeur une main inerte claire lessivée javel ce corps actif un temps passe du lit au fauteuil les yeux crispés les doigts sur crayon dépassent les marges à chaque passage las inerte comme le système digestif neutre et passif face au lent va et vient des visites l’odeur prend gorge lorsqu’on sort et rentre elle doit piquer le nez proche de ceux qui ressentent encore les arbres flottants même les pots d’échappement manquent l’ammoniac prend tout chaque plis dans les draps les changements n’y font rien les alèses pas plus parfois une protection oubliée dans un coin des gants en latex claquent je sens le dégoût dans leurs sourires ils s’étirent semblant compassion je n’en veux pas je ne veux plus mais j’attends et rien ne vient j’accepte parfois des bouts de chocolats pansent un peu le vide le sucre facilite l’absence les années happent les rides mes muscles ont rétréci je suis un morceau ambulant sur roue on me déplace je sonne je quémande je fâche en silence il n y a plus d’espace pour la langue les yeux m’en ont privé je ne veux plus mais toujours la recherche pousse à rester je confie mon souffle à d’autre il est temps elles ne savent pas ces mains automatiques ce que j’imagine lorsqu’elles me touchent s’extraire demande ingénierie oublier qu’un gant rêche s’étale sur la peau à peine humide la toilette ne prend plus l’eau la sueur s’égrène elle s’ajoute à la pièce colle aux murs recouverts d’images de petits-enfants qui embrassent de loin déprimant oublie la conscience pousse à partir pourtant elle est là vaste champs d’inutile finalement l’âge capitule les forces terre levée les mains redditions ceux qui pensent accompagner force les cellules encore je suis une créature sans bras ni jambe un caillou avec des yeux malades un corps sans grâce et j’attends désespérément dialogue avec le néon dans le vide de la nourriture prémâchée que l’on me sert j’encourage le lâcher prise mais rien la vie dure longtemps à travers les corps soins qui ne veulent plus j’espère.
oui ce qui nous arrive ou arrivera
Bonjour Jen
Voilà encore un beau texte. Monologue intérieur que je trouve tout à fait dans l’esprit de Nan Goldin. Merci beaucoup !
merci à tous deux du passage! Je vais de ce pas vous lire! 🙂
Ici, le son en plus, un vrai plus pour ce très beau texte.
Je m’efforce de toujours le capter en bouche, le texte passe toujours par la voix chez moi autant que je le partage aussi! Merci Perle
impressionnant…
Merci Francois de ton commentaire! C’est tjs encourageant!
« je sens le dégoût dans leurs sourires ils s’étirent semblant compassion je n’en veux pas je ne veux plus mais j’attends et rien ne vient »
Magistral !
Merci Helena de ta lecture encouragement! Je prends!
Impressionnée par ce texte – bloc sans ponctuation qu’on ne peut lâcher, qui vous envoûte jusqu’à la désespérance de ce cœur qui bat encore. MERCI J.
Merci Marie, je bricole de plus en plus avec la langue et observe ou ca veut!
comment ne pas être pris dans cet étau entre corps « sans grâce » qui sombre et conscience qui vibre ?
merci Jen pour ce texte magnifique, si vrai, si osé, si difficile à écrire…
Merci Francoise de ton passage, j’ai l’impression que ce qui coule le plus dégeule les tripes… Le leger ne se laisse pas trop faire! 🙂
texte envoutant qui laisse des traces
bouleversant
du dedans d’un seul souffle elle là, au plus près. Fort.