Il y a du monde sur les quais du canal. Ce n’est pas le fleuve, ce n’est pas le Danube lui-même qui traverse la ville, il coule loin du centre, il coule dans des espaces encore sauvages. Plus tard, il partagera la ville entre quartiers nouveaux et palais anciens. C’est le canal qui serpente autour de la cité, traversé par des ponts fréquents, c’est le canal que longe une avenue importante. Sur les sentiers aménagés au bord des berges, derrière la haie d’arbustes, joggeurs, poussettes et promeneurs se croisent tranquillement, les cyclistes occupent une voie spéciale, et au milieu de la chaussée large, les voitures dominent en file indienne, avançant par à-coups entre feux rouges et verts, le tram gémit sur les rails et freine à l’arrêt en grinçant, les sorties de métro crachent les usagers en vagues soudaines, à droite pour traverser le pont, à gauche pour partir vers le centre. Embouteillage devant le glacier et ses glaces à l’italienne, file d’attente devant le cinéma d’art et d’essai. Plus loin, un escalier retiré monte vers une petite place, carré vert devant la plus ancienne église de la ville, église romane, modeste, d’une simplicité reposante. Une tour carrée, au toit pointu rouge, ça change des coupoles vertes et des clochers au toit en oignon doré, qui dominent la ville. Bâtie sur les anciens murs d’enceinte de la ville, en retrait du canal. Du silence. Pas de circulation, des piétons seulement qui traversent la place et descendent l’escalier des pêcheurs vers le quai, vers l’agitation. Juste avant, dans un recoin, une grande porte en bois, lourde, entrouverte…