Petite on l’empêche de manger la terre, à plus d’âge on la laisse se momifier dans la cour du jardin.
En perdant les mots, un homme perd le monde. Plus de place. Plus de ressource autre que d’aller vers la forêt, là où, en s’asseyant, il pourra peut-être devenir racine et se renouer à lui.
Une histoire non préhensible tant les zones d’ombres, le rideau des choses disparues, la couverture des temps, les racontars, les faits dispersés, la précision des lieux, le flou des mémoires, les suspicions, les suspensions, la disparition des protagonistes, le caractère traumatique et anecdotique des scènes supposées, reconstituées, rapportées, oubliées, déformées, ambiguës, tant, tant.Et il est question d’une fille américaine disparue, qui hante encore les habitants du «Coin», lieu perdu au milieu des marais. Et il est question de deux petites filles à l’époque, en 1989, et femmes maintenant en 2012, ce qu’elles sont devenues qui s’éloignent de nous, leurs énigmatiques dialogues, leur étrange familiarité, et cette scène à paillettes, où la fille entre dans la danse avec des rubans d’or, suspendue au-dessus du vide, ouvrant la porte de Verre interdite, d’où on voit le jardin d’hiver en feu.Et le Marais de Bule, où les jumelles s’entraînaient à nager, que sait-il ?
L’histoire d’un homme qui descelle ce qui s’est sédimenté avant sa naissance, qui retire les joints, et tout vient. Jusqu’à la scène qui s’est jouée violente, mortifère.
Un poète vieux et fatigué est convié après une signature dans une petite ville l’hiver, à aller rendre visite à une dame de la haute plus âgée encore. Tout le long de leur entretien elle demeure dans l’ombre. Elle connaît son oeuvre mieux que lui, et met en résonance une image qui la traverse avec un épisode de sa petite enfance, les premiers mots qu’il a prononcés. Sa mère ? Sa duègne? Sa mort ?
L’histoire d’un homme échappé de prison qui se dirige vers une île maudite. Par jours de grand vent, une pièce sous forme de film se déroule devant lui -avec une femme dont il tombe amoureux à peine vue- Les scènes ne se déroulent pas toujours dans le même ordre. Il n’en fait pas partie, pour cela il comprend qu’il lui faudra se délivrer de sa chair. mais alors il sera(it) immortellement proche d’elle. Avec l’espoir de pouvoir faire évoluer le scénario…
Deux petites filles en rencontre étonnante. Elles se mettent l’une l’autre nues pour mieux se connaître, voir leur différence, ce qu’elles sont. L’une disparaît du jour au lendemain. L’autre la retrouvera morte éternellement conservée dans la glace morte assise illuminée de l’intérieur semble-t-il par une toute puissance morte pour l’éternité. Qu’en est-il au printemps quand les eaux se dégèlent ?