Pousser la lourde porte en bois entrouverte. Il y a quelqu’un ? Odeur de cave. Pierre, poussière, un peu d’humidité. Enfermement. Descendre lentement les marches un peu raides. D’un côté et de l’autre, on peut toucher le mur froid et s’y accrocher. Pas de rampe. Peu de lumière. Juste une lueur qui vient d’en bas. Après douze marches, l’escalier tourne vers la gauche. Descend encore. Sur toute la longueur, il est couvert d’un tapis rouge effiloché maintenu par des barres en laiton. On dirait de l’or, un passage de stars, de vedettes. En bas, on arrive dans une salle plutôt carrée, en pierres brutes couleur miel. Surmontée d’une voûte parfaite. Un caveau. Un deux trois dix rangées de chaises dépliées, alignées. Et en face une estrade. Une scène. L’éclairage est minime, mais on distingue un piano à queue dans le coin gauche, une batterie à droite, les cymbales étincellent dans un rayon lumineux. Les projecteurs puissants sont au repos. C’est calme, personne, pas un bruit. En attente de soirée. Une sortie près de la scène. Vers une autre salle, une dépendance, une sorte de vestiaire et puis un petit bar, une banque en bois brut, des tabourets couverts de cuir fauve, quelques bouteilles exposées sur une étagère, et un coin aménagé avec des bancs en bois autour d’une table rectangulaire. Et dans ce coin une ombre. Une silhouette fluette, transparente, assise mollement sur le banc, une bouteille posée sur la table, un verre de vin à la main, prête à rêver et à écouter la musique. Et brusquement, les spots éclairent la scène…