Odette Revèle-Michaux est née le 13 janvier 1953 à Provins, en Seine-et-Marne. Elle est la petite fille de l’artiste lyrique Jacqueline Brumaire, nom de scène de Jacqueline Agnès Armande Thévenin, née à Herblay (Seine-et-Oise) le 5 novembre 1921 et morte à Nancy (Meurthe-et-Moselle) le 29 octobre 2001.
Après l’internement de sa mère, elle est élevée par sa grand-mère maternelle, la célèbre chanteuse d’opéra Jacqueline Brumaire. Très tôt, l’enfant se révèle talentueuse, elle apprend rapidement toutes les techniques de vocalise. Dès l’âge de 15 ans, Odette Revèle-Michaux maîtrise un répertoire impressionnant et s’adonne à quelques récitals remarqués dans les conservatoires du Provinois, puis dans toute l’Ile de France.
Lors d’un récital à l’auditorium de Clamart, elle fait la rencontre de son futur époux, Robert Michaux. Le couple s’installe à Clamart. Dix ans après leur noce, il naît une petite fille, Fanny. La carrière d’Odette Revèle-Michaux est en pleine ascension. Après deux représentations très remarquées où elle interprète la reine Didon dans l’opéra baroque, Didon et Enée, du compositeur anglais Henry Purcell et Leïla dans Les pêcheurs de perles, opéra en trois actes de Georges Bizet, elle se retire du monde artistique. Elle met fin à une carrière de soprano qui semblait très prometteuse.
***
Extrait de « Fanny », titre provisoire
Au 5e étage du marché Saint-Pierre, les deux femmes esquivent la surveillance des vendeurs. Dans les allées, Dinah disperse de petites pincées de poussières sacrées sur les plus beaux tissus. Le sourire éclaire son visage. Odette détourne l’attention et entonne de sa voix de soprano la Romance de Nadir, l’un de ses passages préférés des Pêcheurs de perles. Sa performance attire les regards. La tonalité de sa voix résonne à merveille dans ce décor. Ce chant a cappella accompagne une cérémonie ignorée de tous.
Je crois entendre encore,
Caché sous les palmiers,
Sa voix tendre et sonore
Comme un chant de ramier.
Odette chante avec émotion, elle pense soudain à Robert. Elle ne peut détacher cette mélodie de l’amour de sa vie. La diversion est ingénieuse. Pendant le récital, Dinah se faufile dans les allées alors qu’un attroupement réjoui et admiratif se forme autour d’Odette.
Ô nuit enchanteresse !
Divin ravissement !
Ô souvenir charmant !
Folle ivresse ! Doux rêve !
À l’écoute de ces paroles, Dinah retrouve la délicatesse d’Irène, sa voix fluette, ses mots choisis avec soin. Elle se souvient de la façon dont sa main caressait les tissus, les satins et les dentelles.
Trois étages plus bas, Odette fredonne dans les allées. Dinah avise un brocart de grandes fleurs vert et bleu brodées avec un fil de soie courant sur une trame de lin. Elle s’approche, ce magnifique tissu mérite une pincée de poussière sacrée. Soudain, une suée l’étreint violemment, elle frissonne. Dinah cherche d’un morceau de sucre dans son sac. L’urne s’échappe et tombe lourdement sur le sol. Un peu de cendres se répandent. Un voile de ouate enveloppe Dinah. Elle s’accroche aux fleurs vert et bleu avant de s’effondrer sur le parquet centenaire.