Ralentissement dans les arrières, ces friches inévitablement traversées, vieux wagons, herbes hautes et délaissement, oui comme si on se fichait de rendre les abords présentables, ceux de derrière, pas les officiels façon porte de défilé, Arc de Triomphe, Porte de Brandebourg et tutti quanti. Non, c’est plutôt rails sur gâtine, vue sur jachère, pour la vue sur mer tu peux te brosser, on la voit même pas alors qu’elle n’est pas loin. Billet seconde classe ça veut tout dire, pas besoin de spectacle garanti, c’est pas compris dans le prix du voyage. Le type qui vient de monter n’a pas de chaussures, il s’assoit juste derrière, c’est certain il va sentir le clochard, c’est pas sa faute mais ça pue, remarque ça va bien avec ce défilé dans cet arrière-pays que personne ne veut voir, celui qui ne figurera jamais dans les cartes postales du coin. L’odeur de ce corps de dehors file des haut-le-cœur qui se mêlent à l’angoisse de te retrouver. Est-ce que toi aussi, tu es devenue comme ce type de derrière ? Comme ce paysage de traine ? Comme cette fin de wagon ?
L’absence est un filtre noir sur le défilé des paysages, ce masque endeuillé qui pare même les arbres les plus colorées. Le noir et blanc de ta vie disparue pollue la contemplation de l’arrivée, pourtant c’était beau, un beau pour touristes, vue à sensation qui pousse à l’exclamation convenue, à la photo souvenir, à l’extase attendue. Mais non, seul un soupir sortira de ce corps maintenant voué à la solitude.