Elle est face à l’armoire en chêne. Quatre étagères côté gauche, un tiroir suspendu sous l’étagère du milieu, une penderie côté droit. Une clé travaillée enfoncée dans la serrure qui ne ferme plus. Entre l’armoire et le mur de façade, un ours en peluche à la fourrure râpée assis sur une chaise basse à l’assise en paille. Une fenêtre donnant sur le jardin, à l’aplomb les fruitiers, puis un potager, puis ce serait un bois si l’on distinguait mieux le lointain. Une seconde fenêtre, identique à la première, une table toute simple et une pile de livres. Les trois mousquetaires – Le bon petit diable – Vingt Mille Lieues sous les mers – Cinq semaines en ballon – La Mare au diable. Un lit deux places recouvert d’un duvet épais ceint de deux tables de nuit anciennes dont l’une possède l’emplacement maintenant vide pour un pot de chambre. Sur l’une des tables de nuit, un bracelet de perles en forme de cœur, sûrement oublié récemment par un enfant. Elle a fini de ranger ses vêtements sur l’une des étagères et observe le jardin par la fenêtre. Dans sa main, un mouchoir de coton blanc brodé aux initiales H.T. Elle tiendrait le mouchoir de sa mère. Elle s’en persuade. Elle observerait ce jardin, refermerait les volets des mêmes gestes. Elle feuilletterait maintenant le livre qu’elle aurait elle aussi parcouru. Elles aimeraient les mêmes auteurs…