Intérieur
Lieux dominants.
Une table ronde en bois. Autour cinq chaises de campagne rustiques. Assises en paille. Dossier en bois brun. Lisse.
Une nappe usée. Jusqu’aux trous. Un buffet en bois contre le mur. Dedans les assiettes. Une lampe et un abat-jour réalisé au crochet par la grand-mère. Une affiche de bateau en mer. Soleil sur la surface réfléchissante de l’eau. Voiles colorées. Coque en glissade penchée.
À côté commence la baie vitrée. D’abord sur la terrasse, un carrelage imitation argile. Au fond un fil à linge abrité par un plexiglas. Un bac à linge. Un peu de désordre. De vieilles affaires. Un gros pot en terre vert. Les plantes nichées à l’intérieur. Une colonie de plus petits pots à côté.
L’ouverture centrale de la baie vitrée donne sur le jardin en contrebas. Un seringa dégouline sur la vitre. Il faut s’aventurer pour tailler. Un mimosa au fond de la pelouse suivi par un antique cerisier. Celui pour lequel on habite avec. Le cadeau des cueillettes. Des soirées sous les branches sur le toit de l’abri jardin. La présence fixe entourée de pièces compliquées autour.
L’escalier du jardin. Raide. En ciment. Moussu. Un tuyau d’arrosage jaune entouré. Un pistolet à poignée. La porte en verre entourée par la bignonne à fleurs tellement oranges qu’on a presque l’impression de ne pas mériter ses couleurs.
Les montants verts foncé des baies vitrées. Le mur de façade jaune. Vu du fond du jardin on a enfin réussi quelque chose qui a du style. Côté rue le jaune clair éclairci à la demande d’une directive de l’urbanisme, affadit le contraste d’un petit bout de maison dont le développement se réalise vers l’intérieur.
L’escalier intérieur en bois exotique relie la véranda à l’entrée. Dessous une cave. Dessus. Les arrivées, les départs.
À table, face à la vue sur le jardin. Il écoute les oiseaux, les suit dans leurs mouvements. Il remplit une grille de mots croisés le matin. Nos présences peinent à s’ancrer dans cette pièce. Nous disparaissons de bouches, d’assiettes, de couverts, de plats. La véranda, on disait. Elle était notre salle à manger. Elle mangeait avec nous sur le paysage. Les objets n’avaient pas notre histoire sur eux. Plaqués comme un unique frein à la solitude du père répétant ses journées, habitudes, gestes, attentes. Dans la pièce commune.
Texte émouvant de souvenirs calés dans ce lieu qui laissent suffisamment de place à l’imagination, comme une image floue. Je trouve. Merci Nolwenn.