Le sentiment de la montagne proche, la montagne de la tête, pas la même que la montagne des pieds, pas exactement la même mais une montagne si proche qu’elle donne le sentiment que ce n’est qu’une question de temps pour passer de l’une à l’autre, le sentiment d’avoir cette montagne dans la poche, de la connaître comme sa poche, le sentiment de pouvoir y revenir n’importe quand, le sentiment de la connaître par cœur caillou après caillou et arbres après arbre, le sentiment de pouvoir boire ses ruisseaux, même en étant loin, le sentiment que le bruit de l’eau dans les oreilles donne le goût de ruisseau à n’importe quelle eau, même l’eau de robinet, le sentiment de poser les pieds sur l’herbe verte des sentiers, même quand la neige est là, le sentiment du froid et de l’humide qui tombe sur les épaules, même quand on est chez soi assis loin des sommets, le sentiment de ramasser une à une les myrtilles de là-haut, le sentiment d’avoir les doigts bleus même sans avoir ouvert le pot de confiture, le sentiment de se voir, sourire aux lèvres, s’appuyant sur la grande croix du sommet, le sentiment d’une montée sans efforts, sans sueur, sans ampoules sous les pieds, sans les griffes des arcosses sur les mollets trop nus, sentiment que la montagne en rêve et la montagne en vrai ne font qu’une seule montagne, sentiment qu’il suffit, comme dans une boîte magique de passer simplement à travers la photo.
donner le goût du ruisseau à n’importe quelle eau
une montagne dans sa poche
superbe texte !
Merci Françoise, un peu de magie dans cette proposition : la forme entraine le fond…
quand on porte tant le sentiment de la montagne en soi qu’on la porte avec soi et peut la rejoindre d’un battement de paupière
le sentiment, ça ne prends pas beaucoup de place, autant en profiter pour en mettre plein ses poches 😉
Ton titre ouvre grand. Et ton texte nous rapproche d’impressions familières cueillies. Merci, grand angle !
la proposition était trop tentante …;-)