La fourmi grimpe sur le brin d’herbe qui se plie sous son poids. Elle se retrouve la tête en bas, semble surprise, reste ainsi un moment, ses antennes prenant des informations sur on ne sait quoi, sauf à être Werber qui sait tout sur les fourmis, surtout comment faire de l’argent de ce savoir en écrivant des livres pour les rayons des Relay. Elle avance de quelques millimètres, c’est-à-dire qu’elle ne monte plus puisque l’herbe ploie sous son poids de moins qu’une plume. Alors, elle lâche les premières pattes, les deux de l’avant, se cambre comme une gymnaste roumaine et va les placer au-dessus de sa tête, puis elle lâche pattes trois et quatre qui touchent le sol à leur tour puis la cinq et la six et elle passe au brin d’herbe suivant. L’enfant, allongé dans l’herbe, la regarde, le menton posé dans les mains qu’il tient de par et d’autre de son visage , les pieds croisés au-dessus des fesses. Il se tient presque comme le Petit Prince qui, lui, a un bras allongé devant lui mais il n’y a ni rose ni renard, il est dans un pré, non loin de lui, cinq vaches paissent qu’il n’a pas vraiment besoin de garder. Elles ne traversent jamais le ruisseau au Nord et, à l’Ouest, le pré se termine en un à pic rocheux dont elles ne s’approchent pas. Parallèlement au ruisseau, au Sud le chemin balafre les hauteurs entre le village de l’enfant et la vallée (enfin la parallèle est grossière car le ruisseau comme le chemin serpentent et tendent à s’éloigner l’un de l’autre, le ruisseau ayant creusé son lit pour plonger dans la vallée plus abruptement que les hommes n’ont façonné le chemin où ils passent avec bêtes et chariots). On voit, loin vers l’Ouest, le bourg où l’on se rend chaque dimanche en coupant à l’aller par les prés et les bois avant de rentrer chargé et fourbu par le chemin. La Ville, on y va pour le conseil de révision sinon, on n’a rien à y faire. On naît, on se marie, on meurt ici ou par là-haut. De la ville part le fleuve dans lequel s’est jeté une rivière dans laquelle le ruisseau s’est jeté, le fleuve qui suit son cours vers le Nord-Est avant de s’infléchir encore plus à l’Ouest, arrosant des villes dont il a enrichi les terres et les propriétaires, jusqu’à l’Atlantique, où, depuis une autre ville ou l’on n’ira jamais partent des bateaux vers l’Amérique à laquelle l’enfant ne rêve pas encore.
Zoom arrière d’un petit coin rural jusqu’à l’Amérique.
Beau voyage à partir du brin d’herbe !
Merci !