A cause d’impossibilité indéfinissable, indéchiffrable, voilée, tragique, à cause de quelque chose de fermé et qui se referme, sans cesse, à cause de ces fermetures, à cause du fait de pas savoir dire quand il faut le dire la couleur à placer sur ce tableau gris mais le gris d’où émane la lumière , et alors la couleur et la lumière enfermée dans cette forme, à cause de ces occasion manquée d’avoir pu dire, à cause du fait de s’être tu et du fait d’avoir parlé, je ne pouvais accéder au fleuve du temps qui passe ni revenir en arrière, ni au gout ni à la couleur des choses, mais il y a eu ce moment si ténu qu’il échappe au regard et à tous les sens, ce frémissement imperceptible comme un appel ou une évidence d’être là, et il y eu cette percée vers l’azur, il y a eu des phrases : comme « celui qui se réveille », « je vais comme une qui s’en va », de l’expression : « se casser la margoulette », ou « tu ne vas en mourir », ou alors une autre phrase « je reviens de loin », « j’irai pas », enfin un agencement de phrases comme ceci, qui voudrait ce que ce sera, ce que tu feras, qui t’entretiendrons souvent de ton enfance, de la gamine solitaire et à cause de tout cela, les fleurs refleurirons, de nuages seront suspendu entre les mauves et les bleus, tu reliras le début de ces livres qui te parlent d’une autre enfance, l’expérience du premier cinéma, une salle gigantesque qui t’éjecte de ton morceau de terre ou tu contemplais ce tableau sans savoir que dire quand il fallait choisir les couleurs… le temps tu voudrais maintenant y mettre quelque chose du temps / le revoir sous forme de chaos primordial…mais tu ne dis rien, tu laisse aller accoudée, une main sur la joue, lisant, entrant dans la salle de bain, secouant un drap, se lissant les cheveux, allumant une cigarette, rangeant dans des sacs la nourriture, passant à une station d’essence, courant mais les gestes et les mouvements, le corps perçu en perpétuel mouvement, sans distinction, le corps et son besoin de mouvement, l’enchainement des gestes surtout, c’est cela qui attise : enchainer les gestes à la cuisine par exemple, dans la durée, et comme ces gestes sont enchainés, le temps semblent toujours in-perçu, mais c’est quand le temps n’est pas directement perçu que cela semble juste : alors c’est juste à temps, c’est juste le bon moment, et survient cette perception que c’est en place, que le mouvement de la vie se soutient de lui-même, perçu de l’extérieur, c’est semblable au rituel : le rituel de l’eau, des chants , c’est quelque chose exprimé dans la musique, dans l’incommensurable de la répétition du geste, dans le sentiment de l’accompli, de l’éternel inaccompli à venir.