Lentement, aller vers ce lieu, racine ou cimetière.

Où ? Où ? il peut l’écrire cent fois ce mot et il ne sait toujours pas.

le mistral balaie les nuages de droite à gauche dans le cadre de la fenêtre.

Racine au pluriel ? plus adapté sauf si elle est pivotante et l’ancre bien dans le sol qu’il soit natal ou pas.

Et s’il y a plusieurs racines donc plusieurs où :

Où 1, peut-il dire ?

Les maisons de ses grands-parents, les quatre : la maison des uns construite sur le terrain cédé par les autres, ils ne le savent pas encore, ils sont ses grands-parents ; les uns arrivent du pays du champagne avec leur fils, son futur père, les autres ont la dernière maison de la route d’Angers et ils ne le savent pas, leur fille est sa future mère et leur fils lui offre son prénom.

Où 2, se demande-t-il ?

La place Ducale à Charleville dite Charleville-Mézières maintenant, souvenir qui remue trop le cœur à chaque fois. des souvenirs heureux à courir après trois chatons – fraise ou abricot, à son choix du moment -, les pigeons, Arthur Rimbaud en ignorant que des années plus tard il va dans l’hôpital où le poète y laisse la vie des années plus tôt, des souvenirs de récit mais aussi le duplicata du livre d’or de cette ville en l’honneur de sa tante qui, à cause d’un banal accident de voiture, part trop tôt et lui laisse un trou dans le cœur.

Où 3, où 4, où 100… peut-être d’autres lieux mais pourquoi se triturer tant le cerveau…

Le boulevard Jean-Jacques Rousseau et ses maisons alignées, la gare de triage pas loin, les entrepôts, les souvenirs d’enfance qui frappent à la porte du crâne.

La Pointe du Raz, pour y aller il passe par la forêt de Brocéliande, cherche Merlin, se perd derrière Mélusine, ne retrouve pas le roi Arthur et entend la voix des naufragés.

Il y a aussi la vue au travers de certaines fenêtres.

Il y a aussi des histoires de poulaillers.

Et c’est tout. Non ce n’est pas tout.

Il est quelqu’un qui ne sait pas où il arrive et où il se sent bien.