Ca monte ça monte ça gagne ça reflue ça parcourt ça envahit ça mord ça décline c’est de l’eau, les doigts serrés groupés attaquent, montent à l‘assaut, dégringolent dans les arrières, ça chante plus haut, bas de nouveau, ça sort de la gorge en grondant grimpe à l’assaut, arrivé au sommet on y retourne ça gonfle ampleur ça reprend plein d’humilité on souffle arrêt on tremble un peu le clavier reste immobile plongeon à nouveau on regarde au ras des touches comme ça grignote et que la voûte de la main soit ronde on remonte aux coudes libres aux épaules basses au cou dégagé à la tête vide de la de la pièce d’à côté ça agace les dents dans la mémoire c’est fastidieux et peut-être bienheureux mais on ne le sait pas encore faire ses gammes on dit à présent les arpèges le corps suit parallèle le clavier on enjambe on domine on grandit on déplie on peut le faire gracieusement délaissant la vitesse demis tons par demis tons on dévore le piano méthodiquement on ne grouille plus dans les touches on s’envole plutôt retenu par l’élastique des écarts solides et réguliers tel des acrobates d’un trapèze à l’autre qui n’empêche pas le goût du café dans la bouche on s’absente le préparer le corps rendu à d’autres gestes le fluide regagnant peu à peu tous les membres la pensée moins rivée des éléments étrangers se glissant comme les courses à faire qu’on chasse dos droit yeux dans la page de l’étude en cours de nouveau corps captif entier dans ces exercices plus souriants qui requièrent goût et délicatesse s’y prêter se couler coulisser son temps sa personne son esprit dans ce jeu cet enjeu on ne sait plus lequel que sera-ce pour le morceau le vrai on précipite un peu ce passage tellement on devance on pense aux gestes bientôt du pied sur la pédale, si subtils la résonance et le silence des notes le mutisme soudain réflection dans un œil d’or les ondes parcourant parcourant le pied le pied enlever remettre écouter ce que ça donne se remettre au présent on cahote on s’oblige à recommencer nerveusement ce faux morceau déguisé camelote allez on l’a dit certaines études étant de vrais morceaux ouf ! la Cathédrale engloutie
décidément dans chaque texte… vous êtes vraie et bonne musicienne (rythme et mélodie dans vos mots)
Je vous remercie infiniment. J’ai conscience d’approcher quelque fois une énergie une nervosité une cadence intéressantes. En revanche, j’aimerais atteindre, pouvoir rendre compte du visuel, et cela est encore éloigné.