Il faut de la ténacité, de la discipline, de la constance ! – Un lieu, une routine, ne pas tergiverser ne pas lâcher en cours de route, mais aussi ménager la chèvre et le chou, la vie avec les autres tout en préservant des espaces de travail : advienne que pourra. Nouvelle réitération. Chaleur déjà étouffante, ciel bleu, froissements d’ailes, croassements, dessous tout dort encore. Pas rapides dans la rue. Déterminés et invisibles. Où va-t-elle ? Car c’est une marcheuse, j’en suis certain, une sonorité particulière, qui maintenant disparaît derrière le roucoulement des tourterelles. Mécanique de la benne à ordure : moteur, arrêt, choc des poubelles, interpellations des ripeurs, cloche solitaire de l’église, moteur. Le tissu sonore pénètre par la fenêtre de toit entrouverte. Arrivée mystérieuse de la chatte qui a détecté ma présence à l’étage, cliquetis minuscule des griffes sur le parquet, miaulements frottements. Immense variété des chants et pépiements d’oiseaux, un univers pourtant en disparition. Le bureau est dans son désordre habituel et inexplicable, ne restitue rien d’une utilisation récente des objets qui l’encombrent : ciseaux, agrafeuse, disques durs, clés USB, règles, rouleau de scotch, effaceur, livres, fermés, avec et sans marque-page, (une enveloppe déchirée, un post-it jaune criard) ou retournés en pagodes de pages, ouverts sur un passage maintenant oublié, pourtant recherché et pour quelle raison ? – Rien ne ressemble à rien comment veux-tu dans ce fatras et pour quelle raison – quelle nécessité encore inconnue, dans les limbes de l’innommé ?
Hier la plage immense. Le passage presque solitaire du matin. En fin d’après-midi le plein de rires de cris de couleurs de jeux de sable d’algues et d’éclaboussures et soudain, vacante et dérisoire une béquille plantée dans le fond sablonneux, maintenant encerclée d’eau, fait face à l’horizon, une résurrection, une attente, une fin ou un départ ?
M’est revenu ce livre : la carriole tirée lentement par un cheval crevé de soleil. Longtemps déjà qu’exténuée et assise au bord du chemin elle a deviné ses grincements à moudre la lumière d’été, et ses brins de pensées échevelées préparent sans savoir l’histoire à venir des paroles qu’elle dira : « prenez-moi avec vous, emmenez-moi vers l’homme qui m’a fait l’enfant. »
L’image de la béquille, évidemment ! 🙂