Toujours gaie, elle court, saute, bouge, chante, jamais un problème, une santé de fer. Mais là, soudain, elle plane, fatiguée, abattue. Sur son corps apparaissent des plaques rouges, ça gratte, ça pèle, ça la rend irritable. Le docteur passe en courant, grosse fièvre, contagion assurée. Désinfecter, isoler. Elle écoute sans comprendre, trop petite. Maman est là, veille, restera là. Papa est relégué, exilé avec la fratrie, mais ils vont où ? Elle dort, couchée dans le grand lit, draps frais, puis trop chaud. Elle dort. Pas de médicament. Du repos. Longtemps. La maladie est très contagieuse, pas de visites, juste maman. Pas faim, mal à la gorge. Des soupes, des crèmes, des glaces. Pour l’instant, ça lui est égal, ça ira mieux demain, après-demain. Les rougeurs s’en vont, plus mal à la tête ni à la gorge. En voie de guérison ? Attention à la contagion. On regarde par la fenêtre du 2e étage, le père et la fratrie alignés dans la rue, tout petits personnages, ils leur font signe avec les mains, puis s’en vont, on regarde les marronniers du jardin en face qui mettent leurs bougies roses, le printemps arrive, le soleil entre dans la chambre. Elle revit, repousse les draps, reprend ses livres, lit des histoires de filles, de garçons, de voyages…Elle apprécie les soupes, les crèmes, les glaces. Le soleil qui la réchauffe. La lecture tant qu’elle veut, personne ne l’en empêche, elle n’a même pas de devoirs, mais l’école lui manque, on lui envoie des cours pour rester au courant, elle est bonne élève, elle rattrapera. C’est long, ça dure, mais elle guérit, prête pour le printemps.