#été2023 #lire&dire | à nos amours

« La façon dont elle m’avait parlé de ce petit livre d’une centaine de pages m’avait donné l’envie de l’embrasser.» L’embarras du choix ). Il m’écrasait sous le poids de ses lectures. Sur les rayonnages de ma chambre il y avait de belles éditions, des livres qu’il avait lus, qu’il jalousait ( tu les as pour faire beau ?) et moi je jalousais tous ces livres qu’il avait lus. J’aurais voulu qu’il m’embrasse, il n’avait que ses livres à la bouche. Pour l’embrasser j’ai embrassé des pages. Je l’ai aimé entre les lignes. « La très chère était nue et connaissait mon cœur »… Le livre a pris le dessus ( Il faut dire que ça n’a pas marché entre nous) avec lui ça dure encore… Ce livre qu’on lit pour qu’il ou elle m’aime ? Lit-on un livre pour lui-même ? Il faut bien que ça commence. Lire pour faire plaisir à quelqu’un est un commencement comme un autre. Elle je l’admirais, j’aurais fait n’importe quoi pour qu’elle me distingue dans la masse ocre des bureaux. Ce livre que tu recouvres avec dévotion et aux angles ça rebique et le scotch se détache (longtemps j’ai beaucoup aimé l’école) c’est un peu moche mais il est protégé: ce livre que je dois lire pour elle et ça marche elle me remarque : ce livre c’était lequel? Celle et celui pour qui ou quoi il y a des livres qui se déposent et demeurent. Celui qui m’a offert Bloch et Trakl je ne l’ai pas embrassé mais jamais assez remercié. Celle qui m’a expliqué de longs passages du livre trop dense puis offert un petit livre du même auteur, un plus court plus dense encore ; dans les reflets de ses cheveux très blonds je lisais mon insuffisance. Le chandelier enterré et le Livre du tir à l’arc (et Martin Eden mais plus tard) les deux lus sur le champ avec le fil du téléphone en marque page :  premiers cadeaux pour un long voyage à deux, puis trois. Le livre que ton enfant t’apporte un jour et te dis: je l’ai tellement aimé. Et tu l’entends te murmurer quelque chose.