de comment on se trouve lancé dans un bouquin sans même l’avoir décidé
de comment on se trouve lancé dans un bouquin sans même l’avoir décidé
« Cela n’empêche pas naturellement qu’un grand écrivain, et ici Ruskin a bien raison, doit savoir à fond son dictionnaire, et pouvoir suivre un mot à travers les âges chez tous les grands écrivains qui l’ont employé. » L’adverbe naturellement suffirait à prouver que Proust n’en est pas si convaincu. Je ne crois pas qu’il aimait vraiment les dictionnaires. Ce n’est pas une question si mineure. Saint-John Perse (cité dans Proust) les aimait et les collectionnait, les utilisait pour écrire (...)
pour celles et ceux qui ne croiraient pas que Proust a connu Baudelaire
Laissons le côté de Méséglise : il compte par les barrières blanches du parc de Swann, et le chemin rempli d’aubépines, Legrandin rencontré au retour, la promenade est courte. La promenade qui va du côté de Guermantes est plus riche, parce qu’on attend les bonnes conditions météorologiques pour l’entreprendre, et qu’on arrive avec cette seule question de la rareté relative à la repousser jusqu’à la toute fin de Combray, et la lui confier.
J’ai connu et cherché un peu partout ces (...)
L’apparition de la dame en rose est peut-être un de ces moments où la mécanique proustienne se révèle avec le plus de splendeur. Superposition des nappes : à chaque point du récit correspond un lieu spatial de la maison et du jardin, qu’on explore. Pour la nappe concernant le narrateur, il s’agit de trouver un coin tranquille pour lire, quand la mère ou la grand-mère le harcèlent pour qu’il ne lise plus (on ne va pas lire aussitôt qu’on est sorti de table, il est préférable d’être dehors (...)
On dit que dans cette période de très grande intensité, où Lautréamont était passé du chant I de Maldoror à l’aventure d’écriture, se reformalisant de chant à chant selon son propre principe, et qui fait à partir du chant II la tension propre à ses Chants, parvenait à des états de lucidité intellectuelle que l’isolement, la mutité, l’aiguisement des sens dans la ville elle-même en tels bouleversement et se préparant sans le savoir au siège, au canon, à la famine et la guerre (qui le ferait (...)
C’était un de ces après-midi de brume, bruine et froid, où le Père-Lachaise, du moins dans cette zone relativement neuve de la division 85, sans le décor des tombes ornementées, et où se détachait le cube blafard des murs du crématorium, était quasi désert, sauf parfois une silhouette pressée. J’ai vu que Proust était comme souvent assis sur le rebord de la tombe, son costume noir fripé avait quelques moisissures dont il ne semblait pas gêné. Il était rasé (comme on l’avait enterré, les (...)
Reprenant un peu systématiquement comment surgit Proust chez ceux qui le lisent, ceux qui m’importent, je serais probablement passé chez Koltès, et j’aurais d’abord été voir dans ses entretiens ( Une part de ma vie), mais ça m’arrive directement par cette lettre de Koltès que présente et analyse Arnaud Maïsetti.
C’est l’été 1977, moi je ne me rappelle plus bien – j’ai été éliminé de mon école d’ingénieur un an plus tôt, en fin de troisième année mais sans diplôme, j’ai fait au moins (...)
Il n’y a pas d’éléphant dans À la Recherche du temps perdu, mais il y a un mammouth : « ne m’épouvantaient pas comme auraient pu faire, à une époque de la préhistoire, les cris poussés par un mammouth voisin dans sa promenade libre et désordonnée ». Il y a des girafes : « animaux survivants des époques lointaines, comme la baleine ou la girafe, qui nous montrent les états que la vie animale a traversés », parfois métaphore de la ville : « détacher ses yeux du Trocadéro dont les tours en (...)
pour celles et ceux qui ne croiraient pas que Proust a connu Baudelaire