du lieu, 7 | Duras, L’été 80, le lieu selon le temps

variations avec pièce et fenêtre selon grille de temps au choix



 Tiers Livre, les ateliers, sommaire général ;

 cycle « écrire les lieux, écrire avec lieu », sommaire ;

 cet atelier a été repris dans le cycle de progression personnelle #revisite sur le Patreon, se reporter à cette page pour télécharger les documents d’appui et publier votre contribution ;

 

du lieu #07 | Duras, l’été 80, le lieu selon le temps


Présentation du livre de Marguerite Duras, sa genèse et son contexte : voir la vidéo.

Ce qu’il vous revient :

 ce choix d’un intérieur (ou entre-deux, terrasse, véranda, balcon ?), avec cependant vue sur l’extérieur (William Burroughs pour sa pièce à vivre new-yorkaise avait fait le choix contraire, par contre Lucy Ellmann, dans Les lionnes utilise ce même dispositif élémentaire pour la matinée en 900 pages de sa narratrice devant sa fenêtre de cuisine) ;

 absolument partir, mais on n’a pas à le rappeler, d’un lieu qu’il vous importe d’écrire, auquel vous soyez lié par une relation de nécessité ;

 vous revient le choix des occurrences de temps : suffisant pour induire ce processus de répétition –- Marguerite Duras : 10 fois 10 000 signes (une grande page de Libération, chaque semaine pendant les 2 mois et demi d’un été –-, et vous ? le retour une fois par an à une maison d’enfance ? votre lieu de travail, dans le déroulé d’une journée ? votre pièce de vie, selon le cycle des saisons ?

 vous revient donc l’écriture d’au moins 4 fragments, longueur à votre rythme (mais dépasser le « confortable », ça aussi ça vous revient), 5 encore mieux, 10 encore mieux...

 cette variation ne confère pas de contenu suffisant pour l’écriture ? c’est justement ça, le génie de Duras : je n’ai pas de sujet pour écrire dit-elle en ouverture, et elle parle de la pluie et du beau temps... alors, pour vos variations sur lieu, partez de ce très peu, la variation d’un ciel, d’un objet sur une table (on a mis le couvert ?) ;

 retour à cette autre injonction de Duras en début de texte : on écrit comme on traverse une ville, la prendre très au sérieux — il n’y a pas de « je », vous n’intervenez pas dans votre texte ; c’est seulement une captation sensible, sur un temps très bref ;

 captation sensible, cela veut dire qu’on ne s’en tient pas seulement au visuel : les bruits, les odeurs (une fenêtre, ça s’ouvre) selon les heures du jour ou les années, mais aussi les signes reçus du monde extérieur (un journal posé sur une table, un transistor avec radio, comme chez Duras toute la nuit cette télé allumée sans le son) ;

Et tout cela peut être très beau, très doux aussi, ou dans la grande violence (la même pièce, si c’est une levée de corps). Mais toujours ce principe de variation, qui va précéder l’écriture : c’est parce que vous savez avoir à écrire 4 de ces variations (5 c’est mieux, et toujours penser que Duras s’astreint à la même étendue de texte, pour elle chaque fois 10 000 signes), que les éléments vont naître à l’écriture.

Complément : seulement dans le visuel, et seulement dans le dehors de ce qui s’encadre à la fenêtre (donc l’opposé de ce que proposé ici avec Marguerite Duras), le chapitre presque contemporain des Marines de Julien Gracq dans Lettrines 2, l’écart de démarche peut vous aider aussi, télécharger le texte.

À noter que le lieu utilisé par Marguerite Duras dans L’été 80, son appartement dans la résidence sur plage des Roches Noires, à Trouville, se retrouve aussi — mais fictionnellement — dans L’homme Atlantique ou dans L’amour, et ça aussi c’est une bascule à prendre en compte.

Et moi, je découvre qu’en juin 2013... donc il y a bientôt 10 ans, bien avant de s’appuyer sur la vidéo pour ce dialogue atelier d’écriture, j’avais déjà proposé en ligne cet exercice : écrire avec Duras, quatre variations lieu, allez lire aussi... Je me suis toujours régalé avec cette proposition, testée avec des publics extrêmement différents (n’hésitez pas, si vous animez vous-même des ateliers), et j’étais même convaincu, avant de lancer cette « revisite », qu’elle existait déjà en vidéo sur le site, c’est tout l’intérêt du travail entrepris ici (enfin, mon versant du travail) !

 

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 17 mars 2023
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