#40jours #20 | donne (un au-revoir Tarkos)

au défi d’un exercice quotidien d’écriture pendant 40 jours


 

 

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 pièce jointe : Christophe Tarkos, Donne, extrait, in « Écrits poétiques » (POL, 2008).

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#40 jours #20 | donne (un au-revoir Tarkos)


Mon idée de départ, qui devait venir logiquement dans cette deuxième décade, et qui s’est retrouvée décalée pour en être la conclusion : dans les précédentes propositions, on énonce un réel extérieur à qui le dit.

La cassure que je souhaitais en naissait : faire un texte qui ne soit que d’interactions. Interactions de soi-même avec la ville, interactions dans la ville qui deviennent le texte même.

Comment dire le geste même de l’échange, de toute transaction, matérielle, symbolique, gratuite ou contrainte, en dehors même des sujets de cet échange ou de cette transaction ?

Ce titre Donne de Tarkos, publié en 2000 par Al Dante dans le coffret intitulé Ma langue, mais dont la gestation remonte à 1995, s’est imposé comme une sorte de passage incontournable.

Reste que ce texte de Tarkos, une cinquantaine de poèmes de 15 vers, où chaque séquence inclut au moins une fois, dans les 15 vers, ce donne qui en fait le titre, n’a rien à voir avec ce que je cherchais, c’est un magnifique poème d’amour, et qui ne concerne que cette relation entre deux êtres. Quant à sa forme, ce qui se passe dans les 15 vers, c’est comme un retour amont à la Délie de Maurice Scève ou aux compressions tragiques d’Étienne Jodelle : un travail au présent depuis les sources mêmes de notre langue poétique.

Mais le texte de Tarkos s’imposait quand même, pour autre chose : si le geste, la transaction, le donne passe en avant des deux termes, qui donne à qui, qui donne quoi, qui est qui et pourquoi quoi, pas possible de maintenir la hiérarchie horizontale de notre syntaxe, qui fait passer l’ordre de la transaction pour déterminer hiérarchiquement ses éléments.

Écoutons Tarkos (dans le désordre, mais prenez le temps de lire l’extrait) :

donner prendre donnerais-je nous rencontrant qui dira le

ou

sera en mon nous était le il reconnaîtrait dans t’en

ou

je me si de besoin est perdais le donner veux-tu

Et ainsi de suite, suivre par exemple la piste des pronoms :

moi vite mon accord moi, je pas, prendre cela pour le reste
mon avais te prendra avec de te toi mon aveu

ou

donnerai un donné plaisir tu seul a eu sera
pas en je l’aurai je désir je avec je avec te je

Alors j’espère la vidéo très claire : 40 exercices, dans la contrainte d’une proposition quotidienne, définir des arborescences, des bifurcations. On va clore cette deuxième décade, et Le Kilo de Tarkos nous a permis des explorations très techniques, des outils formels qui ont fait naître pour chacun·e les salves de texte.

Avec Donne pour seul mot d’ordre de cette vingtième proposition, je souhaite juste que chacun·e explore, inaugure librement une forme.

Par contre, oui, c’est à la ville qu’on prend cette transaction. Et le texte qu’on écrit peut-être une incantation faite de la somme de ces transactions.

Comme si, oui et oui, on écrit ce Donne en l’imaginant, dans le temps même de l’écriture, comme fragment réalisé d’une grande chaîne anonyme, multipliant images syntaxiques de ces transactions.

Alors oui, oui et oui, la haute symbolique du verbe Donne peut redevenir cette leçon ou cet appui dont on a collectivement ensemble un tel besoin dans l’obscurité du présent. Et c’est bien ça l’enjeu. Jamais je n’aurais entrepris ce cycle si autour n’étaient pas et cette obscurité et ce danger : est-ce que ce Donne le conjure ?

Et ce que cache ou recouvre cette proposition, c’est uniquement par l’ensemble des contributions qu’on le découvrira, ensemble donc, et rétrospectivement.

À vous. Librement.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 29 juin 2022
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