unending stories #360

« L’épouvante parfois surgit à rien...


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L’épouvante surgit parfois à rien, et aussitôt, écrivant ces mots qui sont les seuls dont tu disposes pour l’instant, tu voudrais corriger : l’épouvante surgit parfois d’un rien ou bien l’épouvante surgit parfois de rien, et non. Si l’épouvante surgit, c’est de la faute de grammaire elle-même. Ça surgit à rien et c’est quoi pour toi ce rien : une place vide, un carrefour, un bord de route, un lieu d’attente. Pourquoi tu passes autan d’heures dans Google Street View les jours ternes, les jours où rien dedans, les jours que peur ou fuir. Tu choisis des trajets déjà faits, des lieux pour telle raison, des villes où jamais tu n’iras, où bien tu te perds sans plus savoir où ça ’a emmené et voilà. La présence. L’évidente présence du réel. Elle bâille. Une fissure est là, invisible. La peau du monde si tendue qu’elle craque. Il suffirait d’avancer là, traverser, marcher. L’épouvante est ceci. Pourtant cela seule qui te contraint à y venir, au bord du monde. Autant voir ça en face.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 12 juillet 2017
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