unending stories #354

« On habiterait dans son propre crâne...


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On habiterait dans son propre crâne. On aurait des échelles, des escaliers, mêmes peut-être des ascenseurs pour circuler d’un endroit à l’autre. On connaîtrait ou découvrirait à mesure la spécificité de chaque pièce : pièce pour penser à ceci, pièce pour penser à cela. Pièce pour quand on souffre, pièce pour quand on hait. On aurait des lieux vides, qu’on habiterait pour être vide. Si tu veux revenir aux sens et à la vie du dehors, emprunte résolument le chemin qui mène aux yeux, à l’arrière de la bouche, aux trompes compliquées derrières les oreilles, là aussi où tu joues de l’équilibre. On aurait les couloirs à se souvenir, les lieux d’entrepôts, les tables de travail et de calcul. Parfois tu tombes sur un personnage, que tu ne savais pas là : — Qui es-tu ? –- Toi-même. Ou pas toi-même, tu ne sauras réellement jamais. Il y a aussi des zones réservées, dont tu ne pousses pas volontiers la porte, et puis ce sont souvent des zones dérobées, à l’accès dissimulé, où vivent tes morts. On a énormément davantage à habiter son propre crâne. La première étant de comment on se protège soi-même.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 9 juillet 2017
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