Giorgio Manganelli | cela voudra dire que la bête

l’extraordinaire tentative de "Bruits ou voix" d’un livre entièrement bâti sur ce qu’on perçoit de l’audible


lectures à la lampe de poche, série

Giorgio Manganelli fait à coup sûr partie de ces grands brûlés, ces fous de littérature entrant dans le profond de l’imaginaire par le charroi de la phrase. Bruits ou voix paru en 1987 en Italie, traduit en 1994 par Philippe di Meo chez Bourgeois, en est un des sommets avec Discours de l’ombre et du blason, ou du lecteur et de l’écrivain considérés comme déments, ou de Centurie. Ici, il s’agit d’un seul paragraphe compact de 145 pages (la forme qu’utilisera aussi Thomas Bernhard), avec pour défi de tenir tout un livre à partir de sensations auditives, et de pousser cette relation de langue au bruit démonté et nommé jusqu’à sa limite. Au début du livre, l’arrêt du lecteur/lecteur dans un village semble-t-il abandonné, et ses maisons vides ou détruites. Dans l’apparent silence et l’apparente immobilité de tout, l’univers auditif devient peu à peu plus sensible, puis totalement envahissant, jusqu’à l’effroi. Dans le passage que j’ai choisi de lire (11 minutes, et pas facile de trouver un point de départ et un point d’arrêt, Manganelli convoque les bruits internes du corps, passant d’une réflexion sur l’animal à une scénographie progressive de la voix. Manganelli est beaucoup trop peu reconnu à sa juste place dans le paysage littéraire, du moins en France (en Allemagne ou aux US c’est différent), à preuve qu’un livre aussi essentiel que Centurie n’est même pas disponible. Mais c’est surtout pour avoir travaillé ces temps-ci, en atelier d’écriture, à partir des bruits à rechercher de Henri Michaux que je voulais proposer un exemple (une possibilité narrative) de ce à quoi mène cet exercice si on le pousse à la fusion.

Autres ressources Giorgio Manganelli sur Tiers Livre : suivre mot-clé en haut à droite, dont présentation et extraits de :
 il fut un temps où il n’y avait pas de littérature ;
 cent romans d’une seule page ;
 le livre égaré de Marco Polo ;
 le Centro di Studi Giorgio Manganelli (en italien bien sûr !)
 photo haut de page © Centro di Studi Manganelli. Enregistré hôtel Balladins Cergy Saint-Christophe le 14 mars 2015.

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1ère mise en ligne et dernière modification le 15 avril 2015
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