2004 | 20 photographies de ronds-points anciens

reprise d’un texte pour les Cahiers de l’École du paysage de Blois


En amorce du projet ronds-points, reprise d’un article de 2004, déjà présent dans les archives du site. Ce texte résultait d’une commande de Jean-Christophe Bailly pour les Cahiers de l’École nationale supérieure de la nature et du paysage de Blois.

C’est la première fois que je composais un texte en même temps que j’utilisais les photos numériques ci-dessous prises en voiture, septembre 2004 (Nantes, Tours, Cholet, Doué-la-Fontaine etc...), avec le petit Olympus très primaire dont je disposais alors.

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ronds-points, l’amorce


Au départ, le clocher. Il repère visuellement non pas seulement le centre, mais l’espace de la communauté : loin qu’on soit sur la commune ou dans les champs, ou dans le quartier de la ville, le clocher vous redonne l’orientation (revenir, c’est par là), et il ordonne aussi le temps : on l’entendait sonner l’heure, celle qui commandait aux tâches de tous. Et ce monde-là n’est pas si loin, à preuve qu’ils sont toujours là, les petits triangles pointus noirs aperçus des rocades ou au détour d’une rue, sur la perspective d’une place. Quant aux heures, elles ont fondu dans le bruit : on vous l’égrène dans l’autoradio, elle s’affiche sur le tableau des heures de départ des trains, elle traîne dans le coin en haut à droite de l’écran d’ordinateur, puisqu’on regarde plus facilement le monde depuis la fenêtre à pixels de l’écran qu’en se retournant vers la vitre par où la cuisine donne plus ou moins sur le centre-ville.

L’essentiel était, pour l’espace, qu’on s’orientait selon des points, et que des routes, des rues, des rails, des cartes reliaient ces points. Le clocher symbolise ces points : même les kilomètres d’autoroute, dans la France centralisée, sont calculés depuis Notre-Dame et non depuis l’Élysée ou l’Assemblée nationale ou la mairie de Paris, vérifiez, la prochaine fois que vous roulerez.

Cela a commencé par un étrange mot : déviation. On utilise, dans le vocabulaire qui a surgi depuis, des mots comme déviance ou dérive dans d’autres sens, qui ne sont pas de raison. On a en tête, souvenirs d’enfance qui resurgissent parfois à un retour de vacances, qu’on traverse Saint-Hyppolite du Fort ou Marans, à un de ces gros bourgs tout en longueur, aux bâtisses serrées et grises, avec leur pharmacie, leur bureau de tabac et leur boulangerie, et puis ces maisons aux vitres sombres on se dit qu’on serait bien aise, si en ville on avait pour soi-même un tel espace, qu’un grenier serait pour les livres, et la cave pour les guitares électriques, et qu’on aurait là son bureau, et on a forcément des amis chez qui c’est comme ça, les chambres d’ami pas vraiment refaites ni en état, au matelas de fortune, mais qui permet qu’on s’y héberge sans chichis, si nombreux qu’on soit. Dans ces bourgs on s’embouteille, le camion n’en finit pas de redémarrer au feu rouge, la voiture qui tourne à gauche, clignotant désespérément battant, à cinquante mètres en avant d’où vous êtes, bloque toute la file, les façades sont noircies et il semble qu’une seule rue a de toujours servi de trait de scie dans ce nœud des hommes, cimetière à la sortie à gauche, un garage et un supermarché à la sortie à droite. Et puis il y a la route à deux voies avec bretelle d’accès qui en fait le tour, et la vieille pharmacie et la boulangerie ou le tabac-journaux de Selles-sur-le-Cher on ne les verra plus jamais. Il y a la route Vierzon-Tours et on a gommé le clocher au profit de cette fraction soudaine de bitume plus lisse et sans rien à voir, où la vitesse s’est établie pour quelques minutes à quatre-vingt-dix (si on est sages). Et plus de regard fugitif vers le monument aux morts et la place où, sauf marché du samedi, sont tristement garées encore des voitures : ces villages vieillissent, il n’y a plus d’électroménager ni de marchand de musique et accordéon (j’en connais encore, et trouve toujours prétexte pour les visiter, à Montrichard ou Sablé-sur-Sarthe), les enseignes sont reprises par les deux marchands d’assurance, l’entreprise de pompes funèbres et celle de taxis médicaux (qui vont parfois ensemble), et autres professions de santé, la maison de retraite qui, elle, a son parking neuf ouvrant sur la petite rocade et non le centre-ville, étant souvent le plus gros employeur à ici demeurer. Et je ne parle pas pour me moquer, ni pour noircir : ainsi en est-il de la ville où j’ai eu toute mon adolescence, dans la Vienne à Civray, et le cinéma dont j’écoutais à répétition les bandes-son, sans jamais voir le film, parce que l’issue de secours donnait dans le garage familial, beau temps que les deux vitrines symétriques en sont vides.

Le mot rocade, donc, qui suivait, et ne concerne pas que les grandes villes, même si elles ont donné l’exemple. L’autoroute permet qu’on sorte à Poitiers nord ou Poitiers sud, Tours nord ou Tours centre ou Tours sud, et là s’embranche la rocade, avec ses quatre voies, ses feux rouges sur portique et ses voies de présélection. On contourne Laval à distance de sa cathédrale, on est comme sur le pourtour d’une boussole dont ce trait noir là-bas du clocher ancre l’aiguille qui pointe sur vous, et ce que vous voyez, de quartier en quartier, avec des arbres qui ont même eu le temps de grandir, c’est l’hôpital, puis l’indication de telle zone d’industrie (abattoirs à volaille dans ce cas, et les camions de volaille vivante à l’enseigne Poulets de Loué que vous avez doublés, maintenant au feu c’est une remorque isotherme blanche qui vous précède, la marchandise est transformée. De touter façon, maintenant que le contournement du Mans par autoroute est en service, même Laval je n’y passe plus, pour Rennes, Saint-Malo ou Alençon mieux vaut s’augmenter de trente kilomètres d’autoroute, on s’acquitte du péage en enquillant sa carte bleue mais il n’y a plus de ville ni feu rouge entre vous et les étudiants que vous retrouverez à Rennes, ou la mer qu’on découvrira à Saint-Malo. Ainsi se modifie la double relation à échelle large, les villes, la traversée du pays, et à échelle bien plus restreinte : ce qu’on voit au passage de la vie des autres, parce qu’on roule devant leur cour, qu’on est bloqué au stop en face d’un magasin, qu’on aperçoit derrière des rideaux, dans le mauvais éclairage d’une lampe, un intérieur immobile.

Et sont venus les ronds-points. Casser le heurt circulatoire des feux rouges par une diffusion continue et étalée des véhicules.

J’aimerais me souvenir de leur première apparition. Il fallait d’abord s’habituer à cette cession de priorité : celui qui arrivait, déjà dans l’orbite du cercle, il fallait le laisser passer. Mais une fois que vous étiez vous-même lancés, on s’assurait rageusement que celui-ci qui arrivait sur la route de droite, avait bien compris qu’il faudrait vous respecter. J’ai souvenir de grands ronds tout simples, avec bordure de ciment, et juste un vague monticule de terre au milieu. Et d’ailleurs au moins une fois s’être retrouvé au milieu pour avoir freiné trop tard, la voiture empâtée et ridicule dans l’herbe, là où auparavant on filait. Les premiers ronds-points gommaient des carrefours où on avait vu trop d’accidents, on comprenait qu’il fallait se faire raison. Ils ne changeaient pas la topologie, ni notre orientation. Au contraire, en cherchant, j’ai l’impression qu’ils l’a simplifiaient : à chacune des sorties en étoile du rond-point, les panneaux indiquant les endroits où cela menait, donc finalement quelque chose de plus clair. Et puis ils ont proliféré, on les a exportés, et dans ma ville, dont le rond-point maître arbore une plume de stylo de deux mètres de haut parce que Balzac et Anatole France y ont séjourné, on n’a pas de médiathèque, mais on a toujours deux nouveaux ronds-points en chantier, qu’ils fassent cinquante centimètres de diamètre, en beau pavé reconstitué, au milieu du carrefour, où ajoutent à la suite d’efflorescences soigneusement arrosées et entretenues avec végétation thématique et parfois inscription.

Non pour ironiser, ou s’en défendre comme d’un chancre qui rongerait nos villes : c’est le déplacement qui est étrange. En quoi ils ont déplacé notre perception spatiale de la ville en la déployant comme une pâte à pâtisserie sous la bouteille qui vous sert de rouleau – écoutez seulement comment désormais on vous indique un chemin : « Au rond-point à droite, puis deux ronds-points tout droit, tu sors au garage Renault et c’est deuxième rue à gauche. » Et qu’effectivement on y arrive très bien, on saura même repartir (« Au premier rond-point tu verras le grand panneau du Leclerc et après ce sera fléché autoroute. »), mais on n’aura rien su d’où on était dans Orléans, seulement si c’était plutôt nord de la Loire ou dessous. Et le mot giratoire n’a jamais pris. Question qui paraîtra sans doute mineure à un Parisien (la place de l’Étoile et celle de la Concorde ou Nation et Bastille fonctionnent aussi de façon giratoire, mais le monument au centre, l’obélisque, l’arc de triomphe ou la statue restent un point fixe d’organisation de l’espace, quand le rond-point est vide et renvoie à ce qui lui est extérieur), mais comment voudriez-vous en province vivre sans voiture ? Il faut l’Italie ou le Portugal pour redécouvrir qu’existe le commerce de proximité, encore le groupe Carrefour sème partout au Portugal, et à mon dernier voyage en Italie j’ai vu une enseigne géante « Auchan Pompéi ». Le groupe Mulliez, qui possède Auchan, comprend les enseignes Décathlon, Leroy-Merlin, Boulanger, Norauto, Saint-Maclou, Kiabi et quelques autres. Mulliez, Carrefour et Leclerc se partagent les portes de villes en y insérant des plaques d’espace qui valent à elles seules tout l’hyper-centre piéton, il y a un Auchan nord et un Auchan sud avec chacun sa cohorte des enseignes satellites, on laisse à Carrefour l’est et l’ouest et partout où ils installent sur les rocades un panneau publicitaire de six mètres sur quatre, l’autre groupe se débrouille pour placer le sien cent mètres plus amont : « Leclerc à 5 minutes » juste quand vous arrivez au rond-point Auchan. Sur la nationale 10 qui emmenait de Tours vers Poitiers, donc sur l’axe Paris-Bordeaux, il y avait autrefois, quand avec mon père nous ramenions les voitures neuves de Paris, une infinité de feux rouges, et se mêler très soudainement, si c’était la fin d’après-midi (« lé débauche », comme on disait aux temps ouvriers) à la circulation locale. Maintenant l’autoroute convoie le transit, et sur l’ancienne 10, jalonnée d’enseignes (et qui dira un jour ce désordre de couleurs et ce déni de langue, aux sigles Veloland, Jardiland ChaussLand ou JouetLand et Funer’air ou Trocante, Mobalpa, Gigastore, Authentica, Promoshow et tous les parallélépipèdes de la « vie moins chère » (« Vos rêvent méritent le meilleur prix », « le choix de vivre son intérieur », « le meuble de vie ») comme si la notion de rabais faisait partie du consensus global de nos idéaux ? Vers Tours sud, donc, sur l’ancienne nationale, les ronds-points se sont voulu une exposition d’art contemporain, chacun aménagé par un artiste dont on ne pourra paradoxalement jamais savoir le nom, puisque ce ne sont pas des lieux où il est possible de s’arrêter, et cette impression que l’art même est convoqué pour s’incliner devant la majesté des enseignes pour surgelés fait que désormais j’évite.

Mais l’obscénité même de cette prétention d’art ainsi exposée pour qui jamais ne s’y arrête, livré aux intempéries et aux sacs de plastique vide et autres emballages volants qu’accumulent les périphéries, pour souligner la nouveauté de l’espace ainsi régulant et dispersant la circulation dans la ville. Espaces de référence que nul ne pénètre, sauf leurs jardiniers. Cohortes municipales vouées à l’espace qu’on contourne, puisque la mode est d’en varier le paysage selon l’orientation, rocaille au nord, des arbres et des plantes côté sud. Et puis le symbole de la ville : si on est fier du zoo, on y mettra une fausse girafe, si c’est de la vigne, on y plantera une bouteille haute comme une maison. Mais on a les signaux d’alerte : justement parce que ce sont des franges vierges que la ville ménage dans l’arène des voitures (même le bitume finit par s’imprégner de cercles). Par exemple, à Villepinte où le grand rond-point d’entre les immeubles et la prison est laissé à lui-même, d’herbes folles et de broussailles, ce gamin de collège qui en atelier d’écriture, parlant des lieux qu’on revendique pour soi dans la ville, écrit l’igloo que lui et ses copains s’y sont aménagés : lieu secret, lieu de secret. Inatteignable, et invisible pour qui n’est pas prévenu. Je suis allé voir : circulation très dense, bretelles d’accès à deux voies, nul passage piéton, et l’ombre là-bas de la maison d’arrêt. Ou bien, en Seins Saint-Denis encore (le neuf trois, comme ils disent), cette étude savante qui dépiste dans les ronds-points des habitats d’insectes et d’oiseaux qui s’y établissent et s’y protègent, et d’étranges apports végétaux, lorsque les ronds-points voisinent les zones de transit et douanes des camions voués aux échanges internationaux.

Mais regardez comment nous-mêmes en voiture abordons les villes. Croisées sans quitter l’autoroute, si c’est Reims ou Chartres, la double flèche gothique vous indique l’hyper-centre, la ville histoire ou le signe ancien de la ville, à condition, sur les plaines de Beauce ou de Champagne, qu’on en ait préalable connaissance. Nous-mêmes ne l’établissons tels qu’au milieu des empilements blancs des cités d’immeubles, des minuscules taches criardes indiquant de très loin les portes commerciales de la ville. Quand on quitte l’autoroute pour la bretelle d’accès à la rocade, on perd de le repère. Les cités d’immeubles, la plaie des zones commerciales ont remplacé le centre : on a pris des ronds-points, on vous indique rocade est ou nord, mais on n’a plus de boussole, ni de direction. Le plus haut bâtiment de la ville, en général c’est l’hôpital, ou la cité administrative (et non plus l’hôtel de ville, ni le palais de justice).

Ce n’est pas la faute des ronds-points, mais disons qu’ils matérialisent la façon neuve dont s’organise dans la tête l’espace de la ville. Quand on travaille avec des élèves de collège ou de lycée sur la topologie de la ville, même avec un exercice très simple (par exemple : partir des lieux où on attend dans la ville, et sur ces instants d’attente restaurer ce qu’un cadre organise du champ visuel), on découvrira que l’établissement scolaire, sa cour et ses couloirs est un de ces espaces, comme le lieu d’habitation, la porte de l’immeuble, l’arrêt de bus, la boulangerie de proximité sont l’espace référent symétrique, voire originel (cette réflexion d’une jeune collégienne, récemment, dans une cité où la sécurité n’était pas assurée : « Je ne m’éloigne pas de l’entrée », le mot entrée ne désignant plus ce par quoi on quitte la ville pour pénétrer le lieu privé, mais au contraire le territoire de la ville permis, en dehors de la chambre et du domicile familiale, le lieu au contraire par où on sort). Mais la zone commerciale, avec les courses du samedi et la queue à la caisse, le vidéo-club où on loue le DVD, la galerie où la maman vous renouvelle le pantalon ou les baskets, plus le Mac’Donald où on accompagne les copains, et qui est le terminus de la ligne de bus, devient un de ces espaces organisés, mais comme une plaque dessinée dans le territoire de la ville. Lieu de même complexité que le lycée ou l’immeuble, mais séparé des deux premiers, sans jonction, comme la ville organisée sur son clocher, ses avenues et ses places, gardait du centre à la périphérie ses orientations, ses hiérarchies. Le lieu de loisir, le stade avec ses vestiaires, la piscine ou le dojo, deviennent pour les collégiens un autre de ces espaces, et l’hyper-centre, avec la rue piétonne, l’opticien ou la déambulation de la virée en ville, est organisé de la même façon : on s’est déplacé en bus ou en voiture, et depuis l’arrêt qui en trace l’origine concentrique, se réorganise une étendue hiérarchisée d’espace qui est votre occupation propre de la ville, mais ne suppose pas continuité de son appropriation. C’est ce que le rond-point concrétise par le déplacement mental auquel il contraint : ne compte pas la distance linéaire (« trois ronds-points et là sur la gauche »), ne compte pas l’orientation (on fait trois quarts de cercle pour prendre la rue juste voisine), et plus aucun repère central (s’il y a un repère fixe, il est plutôt côté périphérie : on vous indique une sauvegarde par le dehors, retour vers l’autoroute ou la rocade).

Qu’on remarque par exemple le paradoxe de ces éternels cercles paysagés (oui, c’est leur mot), et de l’invariable assaut de publicité qu’ils concentrent en amont, où naît une étrange écriture faite de taches rondes, avec le trait noir du trajet qui les contourne. La ville ne s’organise plus depuis son centre, un autre paysage naît, dont l’essentiel manifestation concrète est cette suite de cercles qui éclate le trajet dans la circularité extérieure de la ville. Il pourrait en naître des fictions : ce matin, revenant de faire le plein d’essence et relever ma boîte postale, à ce rond-point en construction (j’habite une ville qui comporte toujours un rond-point nouveau en construction), un double cercle de bordures de béton moulé, et cet homme seul au milieu, debout sous la pluie, qui considérait l’émergence en polystyrène orange d’une future arrivée d’électricité. Comme le petit prince sur sa planète, le constructeur d’îles urbaines, peut-être un seul homme faisant partout jaillir les cercles au milieu des voitures. Ou bien un pays qui ne serait fait que de ronds-points, mais il n’y aurait pas besoin de villes au milieu, ce serait seulement pour notre circulation paysagère. Ou bien celui qui consacrerait sa vie à en établir le relevé, l’inventaire, l’exacte description, sur toute l’étendue du territoire, et s’attacherait à démontrer qu’aucun nulle part n’est identique à un autre, quelles que soient les récurrences, les typologies, les fonctions.

Plus besoin de clochers. Resterait à la place (sauf en Angleterre où il est braqué vers la droite), l’éternel rond bleu parfait qui vous fait face, en contraste avec le triangle rouge de la cessation de priorité, et porte flèche vers le sens unique. Un monde à sens unique, voilà ce qu’on a produit. Et pour le reste, errez, tournez.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 14 septembre 2014
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