fiction dans un paysage | chariot à rêves

texte extrait de projet en cours, « Lovecraft l’inconnu »


L’homme du train ; j’ai pensé, dans la ville la nuit, à un homme qui pousserait un haut chariot, lourd et déséquilibré, sa charge hérissée vers le haut, encombrement de minuscules objets dépenaillés et tous liés au rêve. Dans la ville, la nuit, ce sont des heures désertes avec très peu de gens qui marchent, encore moins qui soient susceptibles de s’arrêter pour examiner et acheter. Qu’est-ce qui pousse certains à marcher dans les villes la nuit, enchaîner les rues, les quais, les places désertes et finir par rentrer au matin blême dans une chambre sans air, une chambre sans rien que soi-même, le radiateur éteint, la couche dure. Ils sont pauvres, ceux qui marchent dans la ville la nuit. Et parmi ces objets pourtant un serait lié à vos propres rêves, un objet qui ne serait destiné qu’à vous-même, et d’une importance capitale mais vous ne le savez pas. L’homme passe et s’en va. Vous vous êtes arrêté pour le regarder passer, longuement, l’homme voûté a ralenti, vous auriez fait un signe il s’arrêtait, vous attendait, mais maintenant il s’éloigne, poussant son chargement bizarre, dépenaillé, déchiqueté sur le fond de nuit de la ville et c’est une autre question : qu’advient-il si c’est quelqu’un d’autre qui s’en empare, de cet objet lié à vos propres rêves,cet objet à vous seul destiné mais que vous n’avez pas su reconnaître ?

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 11 juillet 2014
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