livres qui vous ont fait | le Lautréamont Corti

une série sur la constitution de soi par ses livres


histoire de mes livres, série, sommaire & principe

 

Je n’ai pas de souvenir précis concernant l’achat du Lautréamont Corti.

J’ai souvenir assez vague, trop étrange, trop distant dans le temps, de ma première lecture de Lautréamont, probablement vers la terminale, et dans l’élan de la découverte des surréalistes. Je revois plutôt un 10/18 (aucune idée s’il y a eu un 10/18 Maldoror, je peux confondre avec mon Zarathoustra ou un autre, 10/18 était vraiment le corridor affectif vers l’étrange).

Mais, dans ces deux années 78-79, c’était la découverte intense de Maurice Blanchot, et donc ce livre si important pour qui écrit, son Lautréamont et Sade, chez Minuit, qui analyse comment chaque Chant naît du précédent en se saisissant à vif, plus loin, et l’intégrant à mesure, de la posture même d’écriture dans le livre. C’est probablement lisant le Blanchot que j’ai acquis non pas une édition de poche du Maldoror, mais l’édition Corti (à découper soi-même, il y a encore les traces), et Lautréamont est désormais indissociable pour moi des astériques gras centrés qui séparent les fragments – je pense même qu’inconsciemment je le reproduis dans mon propre usage du traitement de texte.

Pas souvenir de la librairie : à l’époque c’était Le Divan place Saint-Germain ou la librairie Action Poétique rue Saint-André des Arts, ou peut-être chez Corti lui-même, qui m’impressionnait tant avec sa blouse grise et sa pipe dans le fond de sa boutique, le mince Fillaudeau nous recommandait nos achats presque à voix basse, mais non, je sais maintenant les livres achetés chez Corti, je dois inclure dans cette série par exemple le Luzius Keller, Piranese et les romantiques français.

La force du Lautréamont chez Corti c’est les huit préfaces, Blanchot la dernière, Genonceaux la première, mais les historiques de Soupault, Breton, Gracq qui sont comme une biographie en creux, avant même qu’existe la première biographie de Lautréamont par François Caradec.

Ce livre pour ouvrir ici la série. Il n’a jamais quitté ma pièce de travail et n’a plus de dos. ni d’achevé d’imprimé. L’édition indique que le tirage date de 1979, et qu’il s’agit du XXXVe mille. Je l’ai rouvert il y a quelques mois non pour le Maldoror (je l’ai sur l’iPad et l’ordi) mais dans le cadre du livre sur Proust, la façon dont Soupault distord et concentre le témoignage de Genonceaux.

 

 


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responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 3 novembre 2013
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