de la vie de l’auteur avant Internet, reportage

archives "Qu’est-ce qu’elle dit Zazie" ou comment ranger ses livres (en 1994)


 

Impossible de reprendre cette vidéo sur ma chaîne YouTube, l’INA bloque les droits. Je l’insère donc dans l’espace Patreon de mon site, au moins là ils ne peuvent pas accéder.

C’est toujours un exercice difficile de se regarder ou s’entendre soi-même à distance, mais là, vingt ans (sais plus de quand date cet enregistrement, mais on a quitté cette maison en août 94) il y a prescription.

La voix qui mène l’entretien, celle de Jean-Baptiste Harang, toujours critique à Libération.

L’émission : la fabuleuse et inventive Qu’est-ce qu’elle dit Zazie ?, créée par Jean-Michel Mariou. Voir aussi sur Tiers Livre Les nouveaux malfaiteurs avec Pascal Quignard, Jean Echenoz, Pierre Michon, Pierre Bergounioux. Une façon d’appréhender autrement la littérature et d’en parler. Temps glorieux de la télévision publique.

Grâce à l’INA, ces archives sont librement consultables (mais pourquoi l’INA, organisme public, nous contraint à supporter 1 pleine minute de publicité de m... avant chaque visionnage ?). Je n’en aurais pas parlé si ne me frappe pas que ce sont mes derniers mois de la vie d’avant Internet. Des tas et tas de choses ont changé. On s’était installé là parce qu’on avait fondé à Montpellier - La Paillade la Boutique d’écriture, qui existe toujours, de la même façon que je pratique toujours l’atelier d’écriture.

L’ordinateur, c’était mon deuxième – le premier, un Atari 1040, servait justement à la Boutique d’écriture où il sera volé l’année suivante. Là, on aperçoit ce qui était pour moi une révolution : le PowerBook 145 d’Apple qu’on appelait encore MacIntosh. Monochrome, disque dur 45 Mo et ça me semblait tellement grand que je l’avais appelé Océan (je ne donne plus de nom à mes disques durs depuis longtemps). La révolution du PowerBook 145, avec ses 40 minutes de batterie, c’était de disposer d’un objet au format déjà proche de celui des carnets.

Je l’aperçois parce que je sais ce que c’est : j’avais déjà un modem Olitec 56k qui servait de fax/répondeur/modem (le protocole X-modem par lequel on parvenait à s’envoyer des fichiers...

Après : le temps passe (on aperçoit la poussette sur le seuil, ça c’était filmé sans mon autorisation).

Les livres, les mêmes que ceux dont je parle, je les ai toujours. J’ai aussi les mêmes planches et étagères (ci-dessus), celles avec des briques le long du mur du garage – un autre.

Ma surprise à ma propre bibliothèque, ce n’est pas que j’y aie moins recours, c’est qu’elle est moins bien rangée aujourd’hui, même si beaucoup plus de bouquins entassés (sur deux épaisseurs au lieu d’une) tout simplement parce qu’un % considérable de ma (mes ?) lecture (s ?) passé dans le support numérique. Même les contemporains, chaque fois que possible, histoire de disposer au moins du moteur de recherche et de la transportabilité.

Les principes de rangement, par sortes de solos, coin des livres de et sur Proust, de et sur Michaux, ou Baudelaire, ou Rabelais, ou Artaud etc, principe de rangement qui continue de pré-valoir et pour la bibliothèque papier, et pour le disque dur.

Je ne sais pas si j’aurais le culot aujourd’hui de faire visiter ma bibliothèque (longtemps que je n’accepterais plus l’idée qu’une télé vienne tourner chez moi, mais aussi il n’y a plus Zazie), par contre, beaucoup à parler sur comment on organise et pratique ses ressources numériques.

À noter que des auteurs dont je parle, Novarina avait déjà un PowerBook 100 (le vrai mini ancêtre des ordis portable), Bergounioux un Mac chez lui depuis 1984 (mais juste pour recopier) et Pierre Michon à l’époque un Amstrad. Julien Gracq certainement pas d’ordinateur, mais quand je l’ai visité quelques années plus tard un lecteur DVD devant sa télé, avec télécommandes pour ses docus d’histoire ou ses enregistrements d’opéra.

Ma première connexion à Internet s’effectuerait en septembre 1996, je crois que c’était avec mon troisième ordi, un PowerBook 800 (toujours avec écran monochrome) et un modem Olitec 92k.

Rectif de politesse : j’avais abrégé pour la télé, mais l’anecdote citée de Kafka et Stendhal disant à propos du Quichotte presque la même phrase (« Il faut relire Don Quichotte tous les ans pour l’un », « Il faut relire le Don Quichotte à chaque étape de sa vie » pour l’autre) est vraie évidemment.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne 27 août 2013 et dernière modification le 13 avril 2019
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