la Terre est morte à Buffalo | jouer, se promener

avec un étang ou un petit lac ça vous avait tout de suite une allure de château tout le monde


On avait des lieux pour jouer et pour s’amuser. On les avait réservés dans la ville – ou bien simplement parce qu’on n’aurait su quoi en faire, ou bien qu’on n’y pouvait construire ? À cause de l’eau, souvent. Trop d’eau, un lieu pour l’eau. Mais qu’on en arrange les bords, qu’on dispose les allées et qu’on plante des arbres, qui se plaindrait de venir contempler l’eau dans la ville ? On s’arrangeait, pour les allées, qu’on puisse y marcher et choisir plusieurs orientations : on revenait à son point de départ sans avoir à faire demi tour. On avait ménagé des haltes, des points de vue. On avait installé des aires de loisir, pour le sport ou le spectacle. Les gens qu’on y trouvait, en semaine, n’étaient pas forcément ceux que rien d’autre n’aurait appelé ailleurs : ceux qui promenaient les chiens des autres, ceux qui étaient trop vieux pour partir ailleurs, ceux qui poussaient poussette, se mêlaient aux tenues fluorescentes des coureurs. D’autres venaient là pour quitter leurs maisons où la lumière et le bruit, comme ailleurs dans la ville, étaient trop d’une valeur égale, et personne qui vienne chez vous frapper. On les reconnaissait, dans les parcs. L’important ici était de circuler, marcher, se promener. On était au calme, on avait l’eau. Le soir, gardiens passaient en voiture vérifier que tout était en ordre, et fermaient les grilles.

 


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1ère mise en ligne et dernière modification le 4 mai 2010
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