la Terre est morte à Buffalo | régulation de l’air à vivre

plus besoin d’ouvrir les fenêtres, on distribuait l’air urbain


Une régulation nécessaire de l’air à vivre. On avait depuis longtemps dissuadé les artisans et constructeurs d’installer des fenêtres ouvrantes. Dans les tours et immeubles de bureau, longtemps que la transition s’était effectuée : pas question qu’on puisse tomber ou se jeter, les vitres étaient pleines, auto-nettoyantes et anti-reflets. L’entretien du bâtiment se faisait par l’extérieur, et toutes les communications par les ascenseurs et couloirs à l’intérieur. On installait des circulations d’air. Sur le toit des immeubles, on avait vu progressivement s’installer et se multiplier les régulateurs et purificateurs, avec les grosses hélices de ventilateurs. On centralisait déjà l’eau chaude (se souvenir des temps héroïques, avec ces panaches de vapeur qui surgissaient du milieu des rues), les fibres optiques convoyaient les données, les antennes véhiculaient les ondes hertziennes, chaque bloc avait son transformateur pour convertir le 18 000 volts des transformateur eux-mêmes relayant les 140 000 volts des lignes haute tension principales dans le bas voltage qu’on utilisait pour les usages domestiques, et le symétrique pour l’évacuation, les égouts, le traitement des eaux. Dehors, c’étaient les voitures, les pluies acides par la proximité des usines, et tout ce qui résultait de notre promiscuité : rançon de la ville. La ville est une forteresse, un monde : nous lui appartenons, mais c’est par elle que nous sommes. Les blocs individuels étaient suffisamment rationnels eux aussi. Petits immeubles de huit ou cinq étages, facile à équiper. L’autre étape : ces infinis lotissements de maisons jumelées. Mais réellement, on vivait mieux lorsqu’on bénéficiait à l’intérieur d’un air régulé. Ici c’était l’usine de régulation d’air, où on la traitait et purifiait, et d’où on la ventilait dans immeubles, habitats collectifs, écoles et hôpitaux, et maisons, maintenant. À quoi sert une fenêtre ? À voir, disaient les enfants, à la lumière disaient les plus anciens. Personne qui en approcherait ne chercherait plus aujourd’hui de dispositif qui en permette l’ouverture.

 


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1ère mise en ligne et dernière modification le 5 mai 2010
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