[8] un binocle, une longue redingote, un gant

de cette manie de s’échanger les vêtements entre Proust et Baudelaire


 

On dit que Proust et Baudelaire adoraient, lors des événements ou soirées qui les faisaient se croiser, l’idée d’un échange de vêtements. Leur corpulence ni leur taille n’étaient strictement identiques, mais chacun affichait en général un style si marqué qu’il suffisait de cet échange pour initier des méprises qu’ils n’arrêtaient pas ensuite de commenter en riant. Une bonne farce, comme Saint-Loup courant sur les banquettes de velours rouge, mais ce même café à porte revolver (revolving door) était un des lieux où par jeu ils le firent le plus souvent. On sait la tristesse dont était affecté Baudelaire à cette époque. On interprète donc le plus souvent ce jeu comme une pure générosité de la part de Marcel Proust. Écharpe, chapeau, gants et même les bottines. Ils disparaissaient ensemble dans les vestiaires, et reparaissaient quelques minutes plus tard en ayant tout inversé, le jeu commençait. Comment aurait-il été possible sans cette célébrité de chacun des deux, l’estime immense de Proust pour Baudelaire, le fait que l’image de chacun ait été si étroitement associée à leur façon de se vêtir en société ? Qu’il était clown, le Proust, mimant Baudelaire avec la propre redingote et la canne du poète, en affectant toutes les mines !


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1ère mise en ligne 18 novembre 2012 et dernière modification le 17 février 2013
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