annonce | une description du plateau de Saclay

lancement d’une écriture web longue durée


Demain, vendredi 13 avril 2012, et pour jusqu’à la fin de l’année 2012, je vais commencer en ligne, sur plusieurs mois, une expérience web qui va s’intituler : Description du plateau de Saclay.

Je ne m’éloigne pas de mes thèmes : la ville, et comment elle s’organise lorsqu’elle recouvre et remplace.

Le plateau de Saclay est un hapax : une poche rurale de quelques hectares cernée par les forces les plus vives de l’hyperville, avec le centre Renault Guyancourt de l’autre côté de sa frontière nord, et la zone de Trappes (et l’imprimerie Hachette Maurepas) de l’autre côté de sa frontière sud. Une artère TGV RER sur laquelle se greffe à Massy TGV la ligne qui longe l’arête en surplomb du plateau.

Les urbanistes et les puissances du fric se rongent bien sûr d’impatience – ils rêvent tellement d’une sorte de Silicon Valley de prestige, ce que cette même poche préfigurait il y a 40 ans avec le CEA et la fac d’Orsay.

Mais les contraintes de la défense nationale, sorte de mise au secret des lieux de recherche, a paradoxalement recréé un isolement mystérieux.

Je n’en sais pas beaucoup plus. Ici je vais m’organiser avec les vues du ciel de Google Earth, et leur résolution au mètre. Tous les prochains mois, j’irai marcher, dormir, franchir les grillages. Beaucoup de choses qui résonnent depuis longtemps, via mon Buffalo ou les zones en blanc de Philippe Vasset.

Il y aura un versant de surface : ces pôles de recherche, terrés dans leurs grillages à vigiles, sont là où s’ordonne la science – elle interfère avec notre lecture du monde, la responsabilité éthique.

C’est sûr : ils ne veulent pas qu’on rentre. « La direction n’aime pas la parole non contrôlée », nous a-t-on dit dans un de ces centres, lors d’une visite préalable.

Sur le site ArtScienceFactory je tiendrai chronique, sous l’autorité de quelques acteurs de la réflexion en cours. Au programme, des discussions libres avec les chercheurs qui accepteront le jeu. Accessoirement : ils demandent quoi, à la littérature ? En ont-ils encore besoin ?

On souhaite aussi, en tenant publiquement d’une part l’exploration, d’autre part la description, que cette chronique soit en permanence ouverte à ceux qui en sont les protagonistes ou les acteurs – ces pages sont ouvertes, dans les commentaires on peut aussi joindre images, sons ou autres éléments de réponse.

Le chemin se fera en marchant. On me trouvera à dormir là-haut, dans le ballon radar, ou bien au Christ de Saclay. Je veux accumuler assez de matériau brut, journal, descriptions, portraits pour que le mode de navigation hypertexte et la forme de l’objet naisse de l’expérience même.

Enjeu pour moi, via cette résidence proposée par la Région Île-de-France et portée par l’association S(Cube) (scientipole savoirs société) : en quoi une expérience aussi délimitée du réel, mais d’un réel en bascule vertigineuse quant à l’urbanisme et le rapport de la science au monde, peut m’amener sur un objet qui s’inventera par cela même hors et en avant du livre ?

Deux axiomes :
 l’intention est bien d’une exploration systématique et complète, exhaustive, d’une fraction délimitée (et limitée) de surface terrestre, dans un moment de bascule urbanistique en cours.
 le traitement qui s’en fera ici inclura en permanence, pour chaque micro-point traité dans chaque billet, une instance purement fictive (les dates, images, trajets, portraits, y compris).

Bien décidé à y arriver. La bagnole noire garée de travers avec un duvet sur le siège arrière et une clé 3G oubliée sur le siège avant, c’est que je suis pas loin.

 


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 12 avril 2012
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