lire numérique à moins de 100 euros l’appareil

lancement aujourd’hui du KindleStore.fr


Ça y est, c’est fait...

En quelques jours, le paysage numérique a basculé dans sa figure adulte.

On vous tient au courant depuis 15 mois : l’élément déterminant a été la montée en pression de iTunes chez Apple – achat tout simple en 1 clic depuis son iPad ou son iPhone, lecture confortable et facile via le logiciel iBooks... Ajouter la ténacité des responsables de iTunes.fr à faire entrer dans leur service les éditeurs français qui se bouchaient le nez avec arrogance. Résultat, bien voilà : ce dernier trimestre, l’été calme, publie.net diffuse 6245 titres...

Et événement majeur côté Apple aussi : la semaine dernière, mise en lien de tous les iTunes "nationaux", publie.net accessible en 1 clic depuis la Belgique, la Suisse, l’Allemagne, la Roumanie, en tout cas 25 pays d’Europe. Et je tiens à nouveau à témoigner de l’écoute, dialogue et régularité paiements nickel de l’équipe iTunes.fr.

On vous a tenu au courant aussi : dès début juillet, l’équipe d’Amazon.fr avait intégré notre catalogue dans la plateforme Amazon.com pour effectuer ses premiers tests et réglages. Nous bénéficions du convertisseur fourni par Amazon pour passer nos epubs dans le format propriétaire d’Amazon, mobi.

Tout cela sous l’autorité technique de Julien Boulnois, de l’équipe d’Immatériel, dette considérable et pas mal de nuits blanches (pour lui).

Aujourd’hui, Amazon ouvre sa plateforme française : achat en 1 clic, facilité de consultation via l’app Kindle sur l’ensemble de vos appareils, y compris les Apple (par exemple, sur le MacAir, très confortable pour la lecture numérique, on dispose de l’application Amazon gratuite, tandis qu’Apple n’a pas jugé utile de proposer iBooks, un comble...). Et surtout, en accompagnement, l’offre de l’appareil qui permet d’y accéder – je le répète : pas du tout obligatoire pour lire du Amazon si vous avez un iPhone, un Androïd, une tablette.... –, le nouveau Kindle sous la barre symbolique, enfin, des 100 euros...

Deux remarques adventices :
 on sait qu’Amazon.com pratique le dumping, vendant 9,99 $ des best-sellers qu’elle achète 12 ou 13$ à leurs éditeurs américains, pour s’en servir de produits d’appel. Lors des négos avec Amazon, pour la première fois au plan international nous avons décroché la clause suivante : Amazon respecte le prix éditeur, on s’engage seulement en ce cas à aligner notre offre Amazon sur la plus basse des autres offres (Fnac, ePagine, iTunes etc, chaque offre étant liée à 1 ISBN, loi du prix unique livre numérique = zéro patate). Nous avons obtenu cette clause à nous seuls, les pure players en amont des négos avec les bastions de l’édition papier, et évidemment dans la plus parfaite inaction et indifférence des pouvoirs publics ;
 reste l’arrivée à venir d’un 3ème acteur, GoogleBooks et là vous dis que les négos c’est pas gâteau.

C’est 300 titres publie.net qui sont dès aujourd’hui sur le KindleStore, contre 460 sur iTunes, tous ne s’y prêtent pas. Et l’évolution ne s’arrêtera pas là pour nous, puisque nous confirmons – même si ça prend plus de temps que prévu – le projet Print On Demand.

Je termine par une remarque essentielle : oui, les gros ont pris une place décisive sur le marché numérique. Pour une raison simple : la facilité d’usage, le confort d’acquisition et de lecture, assortis d’un DRM propriétaire qui se fait invisible puisque transportable à l’infini d’un appareil à un autre.

Néanmoins, et les éditeurs traditionnels l’ont compris puisque, s’ils ont longtemps boycotté iTunes, ils écarquillent aujourd’hui les yeux quand ils parlent de leurs résultats sur ces iPad dont ils ne servent pas, mais leurs clients si, les voilà tous sur Amazon. Ils n’ont pas tout compris : le Seuil arrive avec 450 livres, 850 d’ici 2 mois (à rapporter aux 2500 déjà numérisés), alors que c’est la totalité du vieux fonds qu’il faudrait, potentiellement 15 000. Et un prix équivalent au poche – parce que de toute façon le poche est déjà le premier concerné par cette mutation. Mais c’est en chemin – malgré l’ambiance banquise qui règle au SNE depuis l’appropriation Gallimard, les éditeurs traditionnels ont à leur tour entamé la bascule. Voir la belle proposition du distributeur Harmonia Mundi avec, enfin, 11 « petits » éditeurs qui passent au numérique...

Ce que je veux dire, avec gravité :
 1, ces plateformes fonctionnent sur une binomialité longue traîne et consensuel : 1 livre qui commence à se vendre sur iTunes fera boule de neige par seuls algorithmes de prescription interne, et ça ne favorise pas la diversité, mais à l’inverse, requête la plus singulière trouvera immédiatement titre disponible dans la longue traîne et ça garantit la diversité, mais une diversité évidemment passive, liée à requête préalablement construite.
 2, corollaire : défendre les titres qui justifient notre plateforme, c’est donc encore directement via notre site. Si nous effectuons seulement 24% en gros de nos ventes en direct, cela représente encore l’essentiel des ventes sur les titres qui fondent notre démarche. Conclusion : la médiation reste indispensable, et donc le travail de libraire, que nous sommes en l’occurrence. Idem pour merveilleux travail de Christophe Grossi pour ePagine.fr : quand on défend des livres, on les vend. Avec FeedBooks, Bibliosurf, Bookeen, nous disposons encore pour le domaine francophone de la diversité nécessaire pour la résistance. Même si cela ne représente qu’un tiers des ventes (ePagine redistribue donc à Fnac, Virgin, Cultura, Furet), c’est un poumon qui existe, et qu’il faut à tout prix sauvegarder. L’inaction des libraires indépendants, qui a fini par lasser les éditeurs traditionnels, est de plus en plus terriblement incompréhensible dans ce contexte – si cela semble désormais une donnée irrattrapable, ce n’aura pas été de notre fait... réagiront-ils, sinon par les gouffres financiers de plateformes dinosaures comme 1001libraires ?, c’est malheureusement presque, maintenant, une question secondaire.

Sur iTunes de tous les pays d’Europe, sur le nouveau KindleStore.fr, sur ePagine et l’ensemble de ses libraires – y compris les indépendants s’ils comprennent enfin qu’ils ont tout à y gagner, sur FeedBooks, sur Bibliosurf, sur Kobo, sur Fnac.com, sur Bookeen, où depuis n’importe où que vous ayez vos usages de lecteur, nous vous souhaitons le meilleur temps possible avec les titres de publie.net et ses auteurs d’aujourd’hui.

Howard, ho ! (l’expression préférée de Sam Beckett.)


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 7 octobre 2011
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