que le mensonge nous insulte plus encore que la violence

qu’on m’excuse de rien dire plus


Message reçu à l’instant d’un de mes plus proches et anciens amis, un frère, le réalisateur Stéphane Gatti, fils d’Armand. Un des éléments qui nous lient, depuis si longtemps, c’est aussi ce prénom Joachim. FB.

Compléments :
 infos sur blog la clinique occupée, et rassemblement lundi 13 à 19h, Croix-de-Chavaux à Montreuil. Merci à toutes et tous pour cette réaction, ça va aider à tenir.
 plus de liens sur le travail de Joachim Gatti : le collectif Précipité
 dimanche, 7h : la lettre ouverte de Stéphane est relayée à l’heure qu’il est par de nombreux sites ou amis, dont Robin Hunzinger (Revue des ressources), Mohamed Rouabhi, Enzo Cormann, Michel Thion...
 ce dimanche 12 juillet, 9h30 : prolongements dans vacarme, pages à pages, habakuk...
 dimanche 11h55 : Rue89 reprend à son tour la lettre de Stéphane, ainsi que NouvelObs...
 dimanche 15h, l’info est sur mediapart
 dimanche 17h, Le Monde, qui avait colporté sans vérification la version Préfecture/AFP essaye de se rattraper : Un homme perd un oeil c’est plus civilisé que dire Le globe oculaire fendu en deux.
 dimanche 17h12 : millième visiteur individuel sur cette page.
 dimanche 19h25 : nouvelle dépêche AFP, aucune excuse pour l’information tronquée et déformée préalablement diffusée, et encore quelques perles du genre, à propos de Joachim Gatti devenu un jeune homme, qu’il « affirme avoir perdu un oeil », on méprise quoi, la langue française, ou la réalité elle-même ? Reconnaît par contre le fait que l’agression policière n’avait aucun rapport avec une manifestation, mais seulement avec les gnocchis offerts aux résidents évacués.

 dimanche 20h56 : l’article de synthèse de Rue 89 avec photos et vidéos, et les mots en rapport avec l’événement.
 dimanche 23h14 : confirmé, appel à manif [1] de soutien demain lundi 19h Croix-de-Chaveau à l’appel notamment de la Coordination Intermittents et Précaires Île-de-France.

 lundi 13, 13h : changement de vocabulaire dans le Monde, qui consacre son éditorial au Flash-Scandale, et ajoute un bref article qui reprend lettre de Stéphane Gatti, reprise aussi dans Libération.
 lundi, 19h : ce beau texte hommage d’Arnaud Maïsetti.

 ce jeudi 16 juillet, pour le 2000ème visiteur individuel ayant passé plus d’1 minute sur cette page, vidéo prise lundi soir à Montreuil – c’est l’an III de la Sarkozie, et notre honte nationale :

 

Stéphane Gatti | À Montreuil, la police vise les manifestants à la tête


Le matin du mercredi 8 Juillet, la police avait vidé une clinique occupée dans le centre-ville.

La clinique, en référence aux expériences venues d’Italie, avait pris la forme d’un "centro sociale" à la française : logements, projections de films, journal, défenses des sans papiers, repas... Tous ceux qui réfléchissent au vivre ensemble regardaient cette expérience avec tendresse. L’évacuation s’est faite sans violence. Les formidables moyens policiers déployés ont réglé la question en moins d’une heure. En traversant le marché le matin, j’avais remarqué leurs airs affairés et diligents.

Ceux qui s’étaient attaché à cette expérience et les résidents ont décidé pour protester contre l’expulsion d’organiser une gigantesque bouffe dans la rue piétonnière de Montreuil.

Trois immenses tables de gnocchi (au moins cinq mille) roulés dans la farine et fabriqués à la main attendaient d’être jetés dans le bouillon. Des casseroles de sauce tomate frémissaient. Ils avaient tendu des banderoles pour rebaptiser l’espace. Des images du front populaire ou des colonnes libertaires de la guerre d’Espagne se superposaient à cette fête parce que parfois les images font école. J’ai quitté cette fête à 20h en saluant Joachim.

A quelques mètres de là, c’était le dernier jour dans les locaux de la Parole errante à la Maison de l’arbre rue François Debergue, de notre exposition sur Mai 68. Depuis un an, elle accueille des pièces de théâtres, des projections de films, des réunions, La nuit sécuritaire, L’appel des Appels, des lectures, des présentations de livres... Ce jour-là, on fermait l’exposition avec une pièce d’Armand Gatti « L’homme seul » lu Pierre Vial de la Comédie Française et compagnon de longue date. Plusieurs versions de la vie d’un militant chinois s’y confrontent : celle de la femme, des enfants, du père, du lieutenant, du général, des camarades...

C’était une lecture de trois heures. Nous étions entourés par les journaux de Mai. D’un coup, des jeunes sont arrivés dans la salle, effrayés, ils venaient se cacher... ils sont repartis. On m’a appelé. Joachim est à l’hôpital à l’hôtel Dieu. Il était effectivement là. Il n’avait pas perdu conscience. Son visage était couvert de sang qui s’écoulait lentement comme s’il était devenu poreux. Dans un coin, l’interne de service m’a dit qu’il y avait peu de chance qu’il retrouve l’usage de son œil éclaté. Je dis éclaté parce que je l’apprendrais plus tard, il avait trois fractures au visage, le globe oculaire fendu en deux, la paupière arrachée...

Entre ces deux moments ; celui où je l’ai quitté à la fête aux gnocchi et l’hôtel Dieu que s’était-il passé ? Il raconte :

Il y a eu des feux d’artifice au dessus du marché. Nous nous y sommes rendus. Immédiatement, les policiers qui surveillaient depuis leur voiture se sont déployés devant. Une minute plus tard, alors que nous nous trouvions encore en face de la clinique, à la hauteur du marché couvert, les policiers qui marchaient à quelques mètres derrière nous, ont tiré sur notre groupe au moyen de leur flashball.

A ce moment-là je marchais et j’ai regardé en direction des policiers. J’ai senti un choc violent au niveau de mon œil droit. Sous la force de l’impact je suis tombé au sol. Des personnes m’ont aidé à me relever et m’ont soutenu jusqu’à ce que je m’assoie sur un trottoir dans la rue de Paris. Devant l’intensité de la douleur et des saignements des pompiers ont été appelés.

Il n’y a pas eu d’affrontement. Cinq personnes ont été touchées par ces tirs de flashball, tous au dessus de la taille. Il ne peut être question de bavure. Ils étaient une trentaine et n’étaient une menace pour personne. Les policiers tirent sur des images comme en témoigne le communiqué de l’AFP.

Un jeune homme d’une vingtaine d’années, qui occupait, avec d’autres personnes, un squat évacué mercredi à Montreuil (Seine-Saint-Denis), a perdu un œil après un affrontement avec la police, a-t-on appris de sources concordantes vendredi. Le jeune homme, Joachim Gatti, faisait partie d’un groupe d’une quinzaine de squatters qui avaient été expulsés mercredi matin des locaux d’une ancienne clinique. Ils avaient tenté de réinvestir les lieux un peu plus tard dans la soirée mais s’étaient heurtés aux forces de l’ordre. Les squatters avaient alors tiré des projectiles sur les policiers, qui avaient riposté en faisant usage de flashball, selon la préfecture, qui avait ordonné l’évacuation. Trois personnes avaient été arrêtées et un jeune homme avait été blessé à l’œil puis transporté dans un hôpital à Paris, selon la mairie, qui n’avait toutefois pas donné de précision sur l’état de gravité de la blessure. « Nous avons bien eu connaissance qu’un jeune homme a perdu son œil mais pour le moment il n’y a pas de lien établi de manière certaine entre la perte de l’œil et le tir de flashball », a déclaré vendredi la préfecture à l’AFP.

La police tire sur l’image d’un jeune de 20 ans qui essayent de reprendre son squat. Et pour la police et les médias, cela vaut pour absolution, et c’est le premier scandale.

Faut-il rétablir la vérité sur l’identité de Joachim Gatti ne serait-ce que pour révéler la manipulation des identités à laquelle se livre la police pour justifier ses actes , comme s’il y avait un public ciblé sur lequel on pouvait tirer légitimement ?

Joachim n’a pas 20 ans mais 34 ans.

Il n’habitait pas au squat, mais il participait activement aux nombreuses activités de la clinique

Il est cameraman

Il fabrique des expositions et réalise des films.

Le premier film qu’il a réalisé s’appelle « Magume ». Il l’a réalisé dans un séminaire au Burundi sur la question du génocide. Aujourd’hui, il participe à la réalisation d’ un projet dans deux foyers Emmaüs dans un cadre collectif.

On devrait pouvoir réécrire le faux produit par l’AFP en leur réclamant de le publier. Il serait écrit :

Joachim Gatti, un réalisateur de 34 ans a reçu une balle de flashball en plein visage alors qu’il manifestait pour soutenir des squatteurs expulsés. Il a perdu un œil du fait de la brutalité policière.

Stéphane Gatti

[1CHERS AMIS,

La Fraternelle qui a des liens forts avec nos amis de la maison de l’arbre sera présente et vous appelle à être présents autant que possible. Le fils de Stéphane Gatti qui nous accueilli à la maison de l’arbre à perdu un oeil dans cette violence policière.

Daniel Le Scornet

Appel à manifester contre les violences policières

lundi 13 juillet à 19h à Montreuil (93)

A bout portant et sans sommation, la police exécute ses basses œuvres. Mercredi 8 juillet à la nuit tombée, les forces du maintien de l’ordre ont massivement tiré au flashball sur les participants au rassemblement de soutien aux expulsés de la Clinique, un immeuble de Montreuil (93) occupé collectivement depuis quelques mois. La Clinique, en référence aux expériences venues d’Italie, avait pris la forme d’un "centro sociale" à la française : logements, projections de films, journal, défenses des sans papiers, repas…

Pas d’appel à la dispersion, pas de bombes lacrymogènes ; mercredi soir, la répression a pris la forme de nombreuses salves de flashball tirées à une distance de 4 à 10 mètres, selon un angle qui ne laisse aucun doute quant aux intentions des tireurs : cinq ont été blessés, tous été visés dans la partie supérieure du corps, visés au thorax, à l’épaule, au front, à la nuque, à la tête. L’un d’entre eux, touché au visage, a eu l’œil éclaté.

Toulouse, Villiers-le-Bel et cette semaine à Montreuil : Joachim est la quatrième personne depuis le début de l’année à perdre un œil suite à un tir de flashball. On ne compte plus les fractures du nez, de la mâchoire ou des pommettes dues à ces engins de mort pour lequel le slogan du fabricant est « un arme de défense révolutionnaire ». En pratique, le message est clair : la chasse aux opposants est ouverte.

La dotation en flashball de la police a été appuyée par l’argument que ces armes seraient "non létales" (taser, flashball, et maintenant "lanceur 40", plus puissant) et que leur usage serait rigoureusement encadré. Les faits démontrent qu’il n’en est rien. Que l’on habite un quartier de banlieue où la police harcèle quotidiennement la population, que l’on s’oppose aux arrestations de sans papiers, que l’on manifeste pour contester tel ou tel aspect d’un ordre social profondément inégalitaire, il est de plus en plus fréquent de se trouver dans la ligne de mire d’un policier prêt à dégainer. Assurée de son immunité, la police utilise en effet ces flashball sans hésiter à s’en servir de manière à occasionner le maximum de dégâts.
Pour terroriser les opposants et dissuader toute insoumission, on tire à la tête, on blesse, on éborgne. Pour avoir défendu l’existence de lieux collectifs hors la loi de la propriété privée, on mutile.

Refusons cette barbarie policière et son impunité. Nous appelons chacun, avec l’ensemble des organisations et collectifs déterminés à défendre les libertés, à s’opposer à cette surenchère de la violence policière et à refuser d’être gouvernés par la peur.

Dimanche 12 juillet 2009.

Coordination des intermittents et précaires

Manifestation lundi 13 juillet à 19h, rdv à l’entrée de la rue du capitaine Dreyfus, à Montreuil (93). M° Croix de Chavaux.


responsable publication François Bon, carnets perso © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 11 juillet 2009
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