pensée pour Marcel Dadi

de l’avion et des morceaux


Pas d’appréhension spéciale, mais une fois dans l’Airbus 330 (Air Transat RS 311 Paris-Montréal, ce matin), comment ne pas penser à ce qui est arrivé en quelques minutes à ceux l’A330 Rio-Paris dimanche dernier ?

Lundi, c’était la danse des médias (voir définition d’André Gunthert : "Un média c’est l’art de diffuser des renseignements inutiles sur un événement dont on ne sait rien.").

Dans le dernier voyage pour Montréal, en mars, les turbulences avaient été plus dures, ça avait secoué. Aujourd’hui non.

Mais repenser aux images qui montraient, lundi soir, les débris du Boeing 747 explosé plein vol en 1996. Des bouts d’avion sur l’eau verte.

Et dans l’avion, Marcel Dadi. Et que rien, même l’étui à guitare, n’a surnagé.

Moi, c’était l’été 1973 : une pochette marrante, genre bande dessinée, un titre élémentaire, La guitare à Dadi, enregistré sur la vieille Martin D-18 prêtée par Steve Waring, et une révolution : à l’intérieur du disque, les tablatures qui nous permettaient à nous tous d’en jouer les morceaux, les apprendre note à note. Et ce saut en avant m’évoque ce qui nous arrive en ce moment avec la secousse Internet.

L’hiver 1974, chaque vendredi soir, à Bordeaux c’était le folk-club La Courtepaille. Il y est venu plusieurs fois, Dadi (et tant d’autres musiciens voyageurs de l’époque, Claude Lefebvre, Phil Fromont, Marc Perrone...). Ce qui était incroyable, Dadi, c’était sa gentillesse, sa simplicité, même quand il se mettait à jouer avec la main par dessus le manche, ou autres prouesses.

Je l’ai revu une dernière fois à Rome, en 1985, avec Muron (ou était-ce seulement Stephan Grossman ?) – le même sourire, la même virtuosité. Ses parents tenaient à Pigalle un magasin voué à la guitare, et principalement ces Ovation à coque de carbone qui sont devenues sa marque.

Les dernières années, il travaillait surtout aux États-Unis, et ses disques, plus orchestrés, m’attiraient moins que les inusables deux premiers.

Alors ce soir, petite pensée pour Marcel Dadi. Ci-dessous, une vidéo YouTube probablement des dernières années, leçon note à note sur le style de Merle Travis... Il y aussi un site marceldadi.com avec une biographie.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 4 juin 2009
merci aux 3981 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page