de l’écrivain comme intermittent du désastre

livres reçus, et suggestions pour les retrouver


Hasard de 3 semaines sans pouvoir grimper jusqu’à la boîte postale sur la zone, du coup on me donne une bassine grise toute remplie, soit trois paquets : la pub, les factures, les livres. Le premier est facile à régler, le deuxième se règlera mais plus tard, le troisième on déballe.

Dans la Matricule des Anges, ai toujours trouvée étrange à la fin cette rubrique des « livres reçus », façon d’éviter d’en parler (des 12 livres sortis en 2 ans dans ma collection Déplacements, maintenant que suis en bilan, jamais eu un seul article dans le Matricule). Mais pour le coup, parmi les livres reçus, voilà ce que je lirai :

 Pierre Bergounioux, Une chambre en Hollande, chez Verdier. Notre éditeur commun Wouter van Orschoot, nous avait gentiment proposé, à Pierre Michon, Pierre Bergounioux et moi, d’écrire un récit ayant lien avec Amsterdam, qui serait publié uniquement dans leur langue. Trop pris par le Net, j’ai repoussé et repoussé, et Pierre Bergounioux, le plus consciencieux des trois, avait rendu son texte, une méditation qui pourrait être l’aboutissement de la réflexion sur Descartes qui traverse toute son oeuvre depuis le début.

 

 Gabriel Bergounioux : Doucement, troisième récit de Gabriel chez Champ Vallon après Il y a un et Il y a de. « Est-ce qu’une société de marché peut fabriquer un mythe pour la mort ? » Pour ceux que surprendraient l’exigence en commun chez les deux frères, retour possible vers L’héritage (Argol).

 

 Patrick Souchon : La chanson de Nell chez Grasset, j’y reviendrai. Heureux de voir paraître, après plus de 10 ans de compagnonnage sur le rapport ateliers d’écriture et éducation nationale, récit de Patrick avec l’écriture (celle de sa mère, une cinquantaine de livres dits « populaires » sous pseudo pour élever ses garçons) comme figure centrale. Livre inversement proportionnel aux clichés de la IV de Couv, mais ça on devrait faire un concours national (il n’y aurait eu qu’à prendre un fragment de l’incipit : Ce trou dans l’air et dans la glace jusqu’à l’autre bout du temps, la neige à la place du père – rappeler autre livre centré sur accident de voiture, Ce matin de Sébastien Rongier paru le mois dernier).

 

 De Grasset passer à Fayard, puisque ce qui se chuchotait depuis 2 mois de la fusion Grasset-Fayard vient d’être officialisé, le Bestiaire domestique de Thierry Beinstingel, où on retrouvera, contrairement au tendre et drôle que les inénarrables service com’ se sentent obligés de mettre en IV de couv, tout l’ancrage de terrain et curiosité dans le présent du webmaster des Feuilles de route.

 

 De Béatrice Rilos, au éditions Le Mot et le reste, Is this love, évoqué dans publie.net : archéologie personnelle d’une identité antillaise via deux figures constitutives de mythe, Bob Marley et Fidel Castro.

 

 Chez Laurence Teper, nouveau livre de Maris Cosnay, et première phrase de la IV de Couv explicite : « De mai à septembre 2008, Marie Cosnay assiste à des audiences d’étrangers présentés au Juge des Libertés et de la Détention de Bayonne. » À rapporter au début du livre, à propos de l’absence de noms des personnes concernées, incarcérées sans passeport. Là ça s’appelle de l’indispensable : Entre chagrin et néant.

 

 Même registre dans l’attention politique à l’autre, Portaits soignés de Jacques-François Piquet chez Rhubarbe.

 

 Ceux de ma génération, difficile d’échapper aux premières lancées de guitare de Pinkfloyd et comment on en a été traversé, c’est ce qu’explore Jean-Michel Espitallier avec Syd Barrett, le rock et autres trucs chez Philippe Rey.

 

 Et puis enfin Maldoror, Pynchon (trois fois Pynchon), Beckett, Gaddis (tout ça avec un peu de Genet, Joyce, Artaud en arrière-fond), l’obscène, violence et fait divers, et quelques considérations sur les salons du livre ou le métier d’écrivain, l’étendue analytique et critique de Claro, format poche chez Inculte/Essais – et là on devrait monter un piratage global entre blogueurs, chacun mettant 3 pages en ligne (je réserve Culturo-décideurs p 289-292, en faisant le pari que le côté salutaire entraînera souhait de se procurer immédiatement le livre monobloc : en attendant, lisez le Clavier cannibale version blog. L’écrivain comme intermittent du désastre, bien sûr ça vient de chez lui.

 

 Bon, dans ma pile j’ai aussi S’installer & travailler au Québec, mais celui-là ce n’est pas un cadeau, je l’avais commandé en ligne.

 

Photo : destin des livres, Aimer la grammaire ( + extrait audio) de Pierre Bergounioux sur une étagère à Pointe de l’Église, Nouvelle-Écosse, 300 km au sud d’Halifax, bureau de Jean Wilson.

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1ère mise en ligne et dernière modification le 24 mars 2009
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