horizon noir | dire Baudelaire

un soir à Château-Chinon avec Dominique Pifarély


Prochains rendez-vous François Bon & Dominique Pifarély :
 le 8 décembre à la librairie d’Audincourt (près Montbéliard) ;
 les 16 et 17 décembre à Montbéliard, avec interventions électroniques de Michele Rabbia et les interventions plastiques de Philippe De Jonckheere (desordre.net) – ça s’appellera Formes d’une guerre.
 le 15 janvier, médiathèque Marguerite-Duras, Paris 20e, pour le 10e anniversaire de remue.net.
 le 11 mars, Tours, Petit Faucheux.

Les soirées en binôme à partir de ma Traversée de Buffalo.

Rappel : CD de Violaine Schwartz et Dominique Pifarély, sur textes de Gherasim Luca.

Bien sûr déjà de nombreuses archives sonores disséminées dans le site, ci-dessous souvenir de Château-Chinon, le 17 mars 2007, on avait juste ouvert Baudelaire – plus décorticage personnel du crâne de Baudelaireau milieu...

 

 

Bon/Pifarély | Horizon noir


une traversée Baudelaire

j’aime les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages... _ ouverture :L’Étranger, 1’24.

j’ai peur du sommeil comme on a peur d’un grand trou _ Gouffre, 2’26.

ma jeunesse ne fut qu’un ténébreux orage _ L’ennemi, 2’05/

tout homme digne de ce nom / a dans le coeur un serpent jaune +
grands bois vous m’effrayez comme des cathédrales _ L’avertisseur + Obsession, 3’05

du fond du gouffre obscur où mon coeur est tombé _ De profundis clamavi, 0’50

d’où vous vient, disiez-vous, cette tristesse étrange _ Semper eadem, 1’46

des plaisirs plus aigus que la glace et le fer _ Ciel brouillé, 2’07

mon coeur est un palais flétri par la cohue _ Causerie 2’22

d’endormir la douleur sur un lit hasardeux _ Brumes et pluies, 2’25

sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille _ Recueillement, 1’55

sur mon crâne incliné plante son drapeau noir _ Spleen, 11

J’habite pour toujours un bâtiment qui va crouler, un bâtiment travaillé par une maladie secrète _ DP, electric solo, + symptômes de ruine, 3’50

Baudelaire, pourquoi

j’ai toujours rêvé d’entrer dans le clan des auteurs du fantastique _ Exhumation du crâne de Baudelaire, 17’11.

moi je buvais, crispé comme un extravagant _ DP, acoustic solo, + à une passante, 3’50

fourmillante cité, cité pleine de rêves _ Les sept vieillards, 3’22

ils traversent ainsi le noir illimité _ Aveugles, 1’46

babel d’escaliers et d’arcades / c’était un palais infini +
la maladie et la mort font des cendres +
avalanche veux-tu m’emporter dans ta chute _ rêve parisien + la mort + le goût du néant, 7’29

le violon frémit comme un coeur qu’on afflige _ Harmonie du soir, 2’59

au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau _ Le voyage, 11’01

 

Horizon noir | hommage à Charles Baudelaire

Dominique Pifarély, violon, violon électrique, F Bon, voix, Château-Chinon, 17 mars 2007, son & invitation merci Nevers D’Jazz.

 

à propos de Horizon noir | Dire Baudelaire


Pour les musiciens, cela semble logique : qu’un violoncelliste soit un improvisateur, joue du contemporain ou des compositions personnelles, on acceptera qu’il travaille parallèlement les suites de Bach, et puisse les donner aussi en concert.

Mais pour nous, auteurs ? Emmanuel Pierrat me racontait récemment comment Robbe-Grillet pouvait réciter par coeur plus de 60 pages du début d’À la Recherche du temps perdu et bien d’autres textes (mais il connaissait en partie le code pénal par coeur, aussi, Robbe). Et qu’on se reporte à ce fameux article de Proust sur Baudelaire, où il cite et cite, de Malherbe et d’Aubigné à Musset via Nerval et Hugo, tout cela pour chercher la spécificité de la syncope baudelairienne et finir par s’excuser : il écrit sur un lit d’hôpital, n’a pas de livre avec lui.

Il n’y a pas d’auteur sans pratiquer de cette façon, avec la voix et le souffle, les lieux où apprendre la langue (Antoine Emaz, pour ne prendre que lui, tiens...). Et, évidemment, elle culmine en Baudelaire.

Seulement, voilà : on ne nous invite pas à dire. Rabelais, si, j’arrive toujours, bon an mal an, à placer quelques lectures – ah, après, tout le monde est d’accord, on va le relire, on ne savait pas que c’était si jouissif, que ça ouvrait tant de questions complètement contemporaines, sur le temps, le corps, la géographie, l’invention... Et en binôme aussi, Rabelais, (avec Valère Novarina plusieurs fois) ou en trio (le même, plus Jacques Roubaud une fois, Michel Chaillou une autre), comme on se sent tout d’un coup grand orchestre de la littérature. Et tellement à notre place : juste faire passer.

Deux ou trois fois, seulement, Baudelaire en solo. Et pourtant, qu’est-ce qu’il y en a, à raconter. La biographie, les chambre,s les lettres, les rêves. Les traductions, les textes sur l’art et Le peintre de la vie moderne, comment ça s’enchevêtre avec Edgar Poe...

Avce Dominique Pifarély, nous avions été invité, en 2007, par Nevers D’Jazz : trois soirées en binôme, Cosne-sur-Loire, Nevers, Château-Chinon , et d’autres concerts pour Dominique avec d’autres partenaires. Alors évidemment, prendre le risque de textes personnels (c’était l’amorce de ce qui deviendrait Peur. Mais, pour cette soirée à Château-Chinon, la double envie de se glisser dans le risque Baudelaire.

Est-ce qu’avec Dominique on pourrait affirmer l’un comme l’autre, nos 50 balais advenus (lui) ou tassés (moi), qu’on n’aurait pas su faire ça il y a 10 ans ?

Pas eu d’autre occasion depuis : ça fait ringard, venir lire/parler Baudelaire, ça fait trop salon ? Voici cette soirée de Château-Chinon en prise console. Au milieu je parle un peu, et j’intercale de ce texte inclut dans Tumulte : Exhumation du crâne de Baudelaire.

Ici c’est mon site, et mes archives. Ne vous forcez pas à écouter ! Par contre, si j’ai ressorti ce CD, c’est pour le dialogue que nous avons entamé avec Dominique Pifarély, cette fois via le blog qu’il a ouvert Tracé provisoire, et dont il m’a aussi donné la clé... jamais autant de plaisir dans un blog que quand on fait ça chez les autres !

Sinon, eh bien comme ça vous saurez qu’on peut venir faire ça chez vous, France & étranger, suffit de nous inviter ! Et peut-être aussi qu’avec Pifarély on ne le refera jamais, et qu’est-ce que change, en cas, la trace ou l’imperfection de la trace ?


J’avais mis quelques photos sur le site, des 2 soirs précédents. Me souviens que de Château-Chinon, départ vers 23h30, étais arrivé à Tours vers 2h30, autoroute de nuit, c’est mieux que l’insomnie. On a des tas de doutes, de sons, d’échos de mots qui laminent. J’étais passé devant la centrale nucléaire de Cosne-sur-Loire, mais le temps que je cherche l’appareil-photo dans le sac elle avait disparu. Château-Chinon j’y voyais l’ombre de Mitterrand, bon il y a bien l’hôtel restaurant où il avait son fief, mais à part ça, l’isolement de nos provinces, et pas la richesse. N’empêche que Christian Paul et FZ étaient venus et qu’on avait bu un coup dans le seul bistrot ouvert, à la fin, avec radio Energy pour se rattraper : finalement, c’était peut-être ça aussi la question, en quoi Baudelaire ça nous aide pour continuer, se bagarrer ? Et, outre le blog de Christian ci-dessus, pensez à prolonger via blog Pifarély.

Fleurs du Mal, corrections Baudelaire, document Europeana/BNF

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1ère mise en ligne 1er janvier 2009 et dernière modification le 13 novembre 2010
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