ça sert à quoi de lire des livres ?

le livre pour courber le temps, mais comment et pour qui ?


Sacré Hubert, des fois je ronchonne après lui, mais il dégotte toujours un lien derrière lequel il doit rire tranquillement du coup qu’il vient de jouer : en l’occurrence, je découvre le blog québécois de Nicolas Dickner, à propos d’une visite en librairie et de la question d’une de ses étudiantes, « Ça sert à quoi de lire des livres ? » (je viens juste de charger dans mon sac totalité de ma bibliothèque Michaux pour examiner ça demain à Poitiers avec étudiants UV Cultures contemporaines et pratiques de l’écrit dont je sais bien que l’ordi portable ouvert devant eux ne sert pas qu’à prendre des notes sur ce que je raconte).
Extrait : « De nos jours, la plupart des objets culturels sont intégrés dans une approche multitâche. Autrement dit, on peut écouter de la musique en lavant la vaisselle, visionner un film en bavardant avec son voisin ou lire huit sites Web en simultanée. Le livre, en revanche, demeure l’un des seuls objets culturels qui exigent de tout arrêter. Pour exister, il nécessite une attention exclusive. Impossible de lire un bouquin en pensant à autre chose. Dans un monde multitâche, consacrer tout son temps à une seule activité revient à perdre son temps - ce qui explique sans doute en partie pourquoi on lit moins de livres qu’auparavant. L’intérêt du livre se trouve pourtant là : il exige certes plus d’effort, mais il dilate les heures. Le livre est, en somme, une machine à courber le temps. »
À stocker dans vos archives [1] – et certainement, dans ce tunnel où on se trouve tous à tâtons, quant aux usages, le fait qu’en ce moment je me serve plutôt de la fiction n’a rien de volontaire ou de joué.
A lire aussi, chez Nicolas Dickner : à propos des livres pour enfants, à propos de gagner sa vie comme écrivain, du récent festival littérature américaine à Vincennes, la série Lost, la touche Enter de l’ordi, les introuvables, le masculin féminin dans la navigation web, bref un blog [2], quoi...

[1Voir aussi rebond chez Virginie Clayssen : Une nouvelle écologie de l’écrit.

[2Mais je rajoute, parce qu’il n’y a pas de hasard dans ces trucs-là : Nicolas Dickner est auteur, et je vais aller voir son Nikolski, paru chez Denoël l’an dernier – avant-hier, en partant en Suisse juste au retour de Montréal, je me disais que je savais plus trop bien où j’étais : mais ce qu’on vérifie chaque fois, c’est la rigidité franco-centrique...


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1ère mise en ligne et dernière modification le 3 décembre 2008
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