bornage des villes

On s’était très vite habitué au fonctionnement et à l’idée, un peu moins aux antennes.


Il était plus que temps de réagir à cette prolifération désordonnée des villes, mangeant le territoire.

Ces lotissements, ces alignements d’immeubles, ces distances énormes entre là où on habite et là où on travaille, ou se ravitaille : allez donc chercher où cesse la ville, où commence la campagne.

On y perdait des deux côtés : à preuve le vieillissement des centre-villes, ces appartements insalubres, au-dessus de rues piétonnes devenues infréquentables la nuit, ou vouées à la bouffe et au loisir. De même, ces extensions, à chaque porte de ville, des zones d’entrepôts et de service : quoi de plus moche ?

Il faut rendre hommage aux habitants, aux municipalités, aux techniciens et cartographes : en quelques années, on avait installé autour de chaque ville une zone protégée, rasée. Chacune comportait, côté ville, des aires aménagées ou réserves naturelles, et perspectives paysagères. Côté campagne, ce qu’il fallait de services et matériels, d’accès aux voies ferrées et gares de fret routier. Les anciens silos en matérialisaient souvent la frontière.

Vous souhaitiez la ville : elles étaient bien plus animées d’être concentrées, organisées, vivantes. Vous vouliez vous établir à la campagne : les tâches n’y manquaient pas. Des services de train permettaient l’accès à l’hyper-centre, et ce qu’on nommait bordure, tout autour (c’est ce mot qu’on avait retenu entre plusieurs) était propice au stockage des véhicules.

La vaste couronne circulaire de ces bordures permettait bien d’autres services : on avait débarrassé la ville des antennes et relais, l’Internet y était libre et gratuit, sans danger. Les dispositifs techniques de surveillance permettaient la mesure de l’air (mais quasiment plus de problèmes avec l’air maintenant que cette large frange vierge était ménagée). Des mesures d’activité très précises, selon les micro-variations de températures, ou du bruit, étaient publiquement disponibles en permanence.

On était capable bien sûr d’intercepter très vite quiconque voudrait transgresser : on n’avait pas, hors raison de service, à venir là.

Il était question maintenant d’adapter le système aux villes plus petites, peut-être même aux villages : on hésitait, cependant.


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
diffusion sous licence Creative Commons CC-BY-SA
1ère mise en ligne et dernière modification le 19 novembre 2008
merci aux 201 visiteurs qui ont consacré 1 minute au moins à cette page