2007-2008 | bilan de saison

un an de blog, moments forts, et de la trace qui s’en fait


Curieux, l’Internet qui s’affaisse au creux de l’été : un tiers du trafic habituel, et les blogs qu’on aime tant retrouver sont pour une bonne partie aux abonnés absents... Alors on s’interroge sur l’éternel à quoi bon : dans la répétition des billets, le journal au fil des jours, les humeurs, les excès, les découvertes, il reste quoi, au bout de l’an ? Et si bien sûr tout cela reste bien dissimulé dans la mémoire du site, cela suppose une belle volonté, même si Google vous attrapera toujours l’aiguille dans la botte de foin (ainsi ces consultations qui ne ralentissent jamais sur ma page quoi faire de son chien mort ?. Et moi-même, qu’est-ce que j’y découvre, si je viens à rebours feuilleter les 12 mois passés ?

 

août 2007, Buthrot
 Envie alors de faire démarrer l’an de cette journée en Albanie, avec la visite de Butrint, qui n’est autre que le vieux Buthrot de Racine : toutes les contradictions du monde et de la guerre soudain suspendues hors temps, mais au regard de la langue souveraine. Depuis, mais pas de trace dans le blog, avoir lu quasiment tout Kadaré, que je ne connaissais pas.

 

septembre 2007, la rentrée des livres
 Mon Dylan en librairie, et un nouvel éditeur, Albin-Michel, où j’arrive avec quelques solides vieilles connaissances, Alain Nadaud et Pierre Michon : l’occasion de revisiter mes apocryphes Michon – tant il est indéchiffrable à ses plus proches...
 De ce mois de septembre, dans vieille interrogation sur l’espace et les cinétiques, ma découverte de 2 livres, un auteur que je connais depuis ses débuts, Philippe Vasset, et un auteur polonais que je ne connaissais pas, Andrzej Stasiuk. Il y a aussi le livre d’Olivia Rosenthal sur la maladie d’Alzheimer, ce qui éveille chez moi souvenirs jusqu’à Simenon.
 Matériel : achat de ce MacBook Pro, en service continu depuis lors.

 

octobre 2007
 Lire, découvrir un auteur, c’est souvent aussi recevoir un legs, interroger l’oeuvre à travers une mort. Ainsi, ma lecture de Patrick Kermann, Mastication des morts, et un peu plus tard ces bribes qui nous restent, grâce à un film, de Vladimir Slepian. Qui rejoignent dans Tiers Livre l’hommage à Paul Valet.
 Pour mon Dylan, je suis reçu dans plusieurs grandes librairies, qui dessinent une géographie parfois bien éloignée. Traces images ou pas, de Sauramps, Kleber, Ombres Blanches, Dialogues... Il y aura aussi les plus petites, pas les moins exigeantes ni les moins actives, à Tours, Metz, Saint-Nazaire, Mantes-la-Jolie... Ouverture d’une rubrique librairies dans le journal images.
 Dérive du matin, que j’avais oubliée, réflexion sur l’écran, le livre, l’argent.
 Octobre encore, parution dans Déplacements de Jérôme Mauche et Michèle Dujardin.
 Cette année, je ferai très peu d’ateliers d’écriture, hors quelques stages (dont Lisieux et Cherbourg, excellents souvenirs). L’occasion de reclasser un peu les archives.
 Matériel : achat d’un enregistreur numérique Handy Zoom IV.

 

novembre 2007
 Un site ne vaut que s’il reste ouvert au bruit du monde. C’est une dimension que j’ai maintenue hors ligne, ou dans les parties non publiques du site. Ce jour-là, ouverture à l’actualité du journal : Nous ne commettrons plus de littérature.
 Le 12 novembre 2007, j’installe un article sous le titre je n’ai pas envie du livre numérique. Aujourd’hui, la liseuse s’est parfaitement intégrée dans mon univers quotidien et de travail. Pourtant, je n’ai pas à désavouer les questions posées dans ce premier article, dont je ne savais pas qu’il était probablement le 1er pas vers publie.net.
 Curieux de découvrir dans lemonde.fr sa propre image, dans un article qui n’a rien à voir. Et fin du mois par cette vision américaine de la culture en France.
 Matériel : je passe au travail sur 2 écrans, un 20" relié au 15" du Mac.

 

décembre 2007
 Premiers textes mis en ligne sur publie.net, dont Jacques Ancet. Un texte sur mes paysages natals, à partir de photographies de Marc Deneyer, pour le Conservatoire du littoral.
- Moments marquants : lecture des auteurs Déplacements à la galerie Mycroft, à l’invitation de Chloé Delaume, et, à Montpellier, 12 ans après, je retrouve les auteurs de Phobos.
 Sortie du film de Todd Haynes sur Bob Dylan : I’m not there. A mesure que je m’éloigne du livre, plaisir à raconter Dylan... Tandis qu’à la cinémathèque de Bercy, je présente le film de Peter Whitehead sur Led Zeppelin (Royal Albert Hall, 1970), l’occasion de revenir sur ces étonnantes images de la poésie lue à voix haute, Royal Albert Hall aussi, en 1965...
 Quand même le temps d’un chouette stage à la Sapienza de Rome.
 L’année finit avec le décès de Julien Gracq. Peut-être que maintenant il sera possible d’oser revenir à Saint-Florent le Vieil (curiosité, la semaine dernière au MET de New York, de découvrir une magnifique vue de Saint-Florent-le-Vieil par Turner....).

 

janvier 2008
 le 19 janvier, rencontre remue.net autour de l’Internet, avec Hubert Guillaud et André Gunthert. J’ai officiellement lancé publie.net (la 1ère lettre aux auteurs, s’amorce ce chemin dont je ne savais pas combien il allait me séparer d’une vision initiale de l’Internet comme défense ou illustration du livre, pour ce qui s’impose lentement d’une perception de l’Internet comme vecteur autonome de littérature). Ce qui n’empêche pas l’hommage aux libraires.

 

février 2008
 En Auvergne, près d’Ardes-sur-Couze, isolement pour travail sur Led Zeppelin, avec connexion irrégulière au Mac’Donald d’Issoire (merci).
 Contraint de retirer du site ce qui concerne Antonin Artaud, en attendant qu’il soit dans le domaine public en 2018... Je ne parlerai plus jamais d’Artaud dans mes formations d’enseignants, ou mes interventions en fac, pour ne pas déplaire à son héritier.
 Avec le chantier publie.net, continuer la réflexion sur écriture et Internet, cette fois via Maupassant.
 Relecture d’un ancien texte datylographié, pour usage personnel : Bombay, Bhabha Atomic Research Center, 1979.

 

mars 2008
 Incroyable : me voilà élu au 1er tour des élections cantonales, sur une liste droite bon teint (prononcé, même) : François Bon c’est n’importe quoi.
 En stage avec les enseignants de l’académie de Versailles dans les caves de la Maison de la Poésie, je découvre une mine d’anciennes revues des années 70, toute cette vie littéraire dont le Net est maintenant seul hériter : à quoi bon des poètes en temps de manque.
 Ce 20 mars, je fais un doublé – ce qu’en général j’évite soigneusement – convoqué le matin à La Roche-sur-Yon par Olivier Ertzscheid, directement depuis son site... Et transit jusqu’à Nantes où nous jouons avec Dominique Pifarély au Panonica, il y étrenne sa nouvelle mandoline électrique.

 

avril 2008
 Jonglage difficile pour trouver le temps nécessaire à finalisation du manuscrit Led Zeppelin, lentement accumulé depuis novembre 1982, mais, comme d’habitude, les dernières semaines conduisent à refaire des pages entières... Les pages blog sont plutôt des réactions, ainsi sur Monsu Desiderio ou sur la Villa Médicis.
 Lecture de Josse et Emaz. Un évêque à la déliquescente Académie française, et fin programmée de la direction du livre, sans autre réaction du "métier".
 Jamais supporté autant de retards TGV que ces 2 mois : et nulle part on nous donne les réelles statistiques des suicides, qui, quel âge, combien. « C’est de saison, dit un contrôleur, mais il y en a vraiment de plus en plus. »
 Attristé par la fin de la collection Poésie de Jean-Michel Place. 3 mois plus tard, ça semble à une année-lumière....

 

mai 2008
 Festival Etonnants Voyageurs à Saint-Malo, et dialogue avec Alberto Manguel à Poitiers. Mais je cale pour participer au jury du prix Louis-Guilloux : pas mon truc. Voyage aussi à Bruxelles pour Dylan et performance Led Zeppelin au festival Dans la Vallée avec Vincent Segal : le livre sur Led Zep continue de prendre les heures libres.
 Matériel : je brise par maladresse l’écran de visée de mon bridge Lumix, désormais mes photos seront comme moi, myopes !

 

juin 2008
 Le journal que constitue la tenue d’un site comme celui-ci peut sembler dessiner la vie réelle de son auteur : pourtant, des 2 événements qui me touchent le plus près dans ma vie réelle, et qui se suivront si rapidement ce début de mois, décès de Ricardo Perlwitz à Angers, et décès de Jean-Marie Bon en Vendée, pas de trace possible ici. Bien trop tôt.
 Pendant ce temps, un article mis en ligne en septembre 2007, concernant mon usage de Face Book, va passer les 30 000 consultations (37 927 ce soir). Et fortes consultations aussi pour cette digression sur la voix.
 Intervention sur Richard Serra au Grand Palais, et dernières étapes pour le Led Zeppelin : sa couverture.
 Note moins gaie : mon nom abusivement cité dans un rapport du SLF comme ayant été reçu par ses initiateurs – tout dans ce site est ouvert à la réflexion commune, aux passerelles, mais la règle du jeu doit être respectée. Ainsi les pistes évoquées par le rapport Patino, et mes notes : ne pas subir le numérique. C’est bien à cet endroit que nous sommes tous déjà dans un virage, une fissure.
 Matériel : liseuse numérique Sony PRS-505.

 

à suivre donc ?
 Alors : continuer, faire pause, envoyer tout valser ? Toute l’année j’ai maintenu aussi mes liens du jour, et je considère que ce qui m’arrive par les autres m’est désormais tout aussi essentiel que la lecture imprimée. L’impression aussi d’être lesté de tâches neuves : revenir ici à plus de fiction, réouvrir au son et à l’audio. Mais pas question de chemins de traverse avec ce qui se passe autour de publie.net : gros livre papier devant moi pour maîtriser un peu InDesign... Surtout pas l’impression d’être au bout de l’expérience : année en spirale, ma dixième du Net... Et un merci spécial, pour toute cette année, à toutes celles et ceux qui ont permis à publie.net de prendre son élan, équipe, auteurs, lecteurs...

Photo du haut : Marc Melki ©.

responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 19 juillet 2008
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