à quoi suis-je sourd au monde ?

enquêtes sur la réalité présente (reprise)


On vendait ça déjà contre les chiens : un petit émetteur à ultrason, pour les ballades à la campagne, chiens rustres. On en a un pour les randonnées en Auvergne, suite à accident. Mais les chiens des villes, ça ne leur fait rien. Longtemps qu’ils se sont adaptés au spectre sonore du grondement humain : disharmonique. On a donc la version pour jeunes : jusqu’à 21 ans, on entend les fréquences au-dessus de l’aigu, après non. Et on a disposé, dans de certaines villes, ou cités, ce bourdonnement inaudible à la masse terne, mais désagréable aux enfants, aux adolescents, aux jeunes. Ainsi ne s’attroupent-ils pas où on ne veut pas les voir. Un modèle un peu plus perfectionné pourrait même orienter à terme leur flux vers des lieux du pourtour des villes, multiplex, bowlings, hamburgers Coca, où la consommation est prête à les recevoir. Pour moi, longtemps que je n’entends plus trop tout ça : mes 25 ans, c’était pompe à vide et 85 décibels 45 heures par semaine, ça estompe dur pour la suite. Reste qu’il faut l’apprendre pour qu’on le découvre : le vent, les vagues, un bruissement, on entend donc cela différemment d’eux, qui peut-être y marchent avec moins d’attention, et moins lestés de mots qui mesurent la fragilité du présent. Gelbe Birnen… Et nous voilà, par le mépris des dresseurs d’ultrasons, encore un peu plus définitivement de l’autre côté de cette moitié de la vie, Hälfte des Lebens. A quoi suis-je sourd au monde, par quoi mieux que moi eux le savent ?


responsable publication François Bon © Tiers Livre Éditeur, cf mentions légales
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1ère mise en ligne et dernière modification le 28 mars 2008
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